Algérie

Des enseignants interpellent Bouteflika



Des enseignants interpellent Bouteflika
Les violences à l'université n'augurent rien de bon pour l'avenir de cette noble institution.Les enseignants de l'université Alger III, offusqués par le silence de la tutelle après l'agression dont certains de leurs collègues ont été victimes le 16 février dernier, ont appelé hier le président de la République à une "intervention urgente". "À travers l'agression dont ont été victimes les professeurs de sciences politiques, une ligne rouge a été transgressée ; une relation sacrée a été violée ; une valeur fondamentale a été bafouée. Des enseignants ont été battus, insultés, menacés par des étudiants. Jamais, jamais cela n'était arrivé avant", a écrit le comité de suivi, installé dans la foulée des incidents, dans une lettre ouverte dont nous disposons d'une copie. Les enseignants qui depuis les "incidents" ont initié de nombreuses actions pour dénoncer les violences dont une grève de trois jours, s'interrogent de nouveau sur le silence assourdissant de la tutelle. "Nous avons reçu le soutien de la famille universitaire, des étudiants, des parents d'étudiants... Et nous leur exprimons toute notre reconnaissance et notre gratitude. Alors, Monsieur le Président, pourquoi n'avons-nous rien reçu des autorités officielles ' Comment devons-nous interpréter le silence assourdissant des autorités concernées et sollicitées à maintes reprises '", s'interrogent ces enseignants pour qui les violences dans l'université n'augurent rien de bon pour l'avenir de cette noble institution, non sans évoquer la décennie noire. "L'Algérie n'a pas fini de panser ses blessures et les cicatrices laissées par une décennie de violence sont encore douloureuses. Or, l'agression à la faculté des sciences politiques n'est pas un bon présage pour l'avenir". Selon eux, "l'université doit impérativement être sauvée de l'instrumentalisation, du non-droit et de l'impunité, car l'Algérie ne sera pas sauvée si ses universitaires sont sacrifiés". Ce qui est arrivé ce 16 février à la faculté des sciences politiques ne s'était jamais produit avant. "Convaincus que cette agression ne peut pas vous laisser indifférent, et conscients de l'intérêt que vous portez à la famille universitaire et à son épanouissement, nous vous appelons à agir pour que cela ne se reproduise plus jamais", écrivent-ils. Cette lettre ouverte intervient alors que les enseignants attendent toujours l'amorce d'un dialogue avec le recteur auquel ils imputent la responsabilité de ce qui s'est passé à l'université Alger III. Hier, pour la seconde fois, le recteur a annulé la rencontre avec les enseignants de sciences politiques, a-t-on appris auprès du comité de suivi. "Le comité fait porter au recteur la responsabilité de l'absence de dialogue et lui fait assumer les conséquences qui pourraient en découler", note cette source.K. K.


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