Algérie

Des enlèvements et beaucoup d'interrogations



Si les services de sécurité continuent à affirmer que le phénomène des enlèvements d'enfants est lié à des motivations purement sexuelles, des associations, par contre, semblent persuadées que les disparitions d'enfants ont un lien avec le développement des réseaux criminels liés au trafic d'organes. Le phénomène des enlèvements qui ne cesse de prendre des proportions inquiétantes dans notre pays, était hier au centre du débat au forum d'El Moudjahid. Les intervenants ont tous souligné que le nombre des enlèvements enregistrés au cours de ces dernières années est effrayant. Les statistiques officielles font état de plus de 800 cas de disparition de 2000 à 2007. Et de quatre autres cas au cours des ces derniers quatre mois (du mois de janvier au mois d'avril 2008). Tout le monde est d'accord sur le fait que cette situation est devenue préoccupante. Mais les services de sécurité et les représentants de la société civile ne semblent pas sur la même longueur d'onde sur tout. Les représentants des services de sécurité continuent de réfuter l'existence de réseaux spécialisés d'enlèvement et de trafic d'organes en soulignant qu'aucune opération traitant de tel trafic n'a été jusqu'ici prouvée. L'invité du forum d'El Moudjahid, l'officier de police Kheira Messaoudène, chargée du service de la protection de l'enfance au sein de la DGSN, a affirmé dans ce sens que la majorité des enlèvements sont momentanés et la majorité ont des motivations sexuelles. «1.546 enfants ont été victimes d'agressions sexuelles en 2007 et 632 cas entre janvier et avril de l'année 2008», précise-t-elle en soulignant que «4 enlèvements ont été par contre enregistrés au cours des derniers quatre mois de l'année 2008». «Ce sont là de véritables enlèvements puisqu'ils ont été suivis par des demandes de rançons», a-t-elle indiqué. Elle poursuit en affirmant que les cas de disparition d'enfants ne sont pas toujours imputables au kidnapping: les enfants disparus peuvent faire l'objet d'une fugue comme ils peuvent faire l'objet d'accident. SOS kidnapping d'enfants, une association qui active sous le parrainage de l'organisation algérienne pour les droits de l'homme, attribue ces disparitions au développement des réseaux spécialisés dans les enlèvements et trafic d'organes. Le président de SOS kidnapping rappelle que les enlèvements ont bel et bien commencé en 2000. Et de s'interroger: «Si des réseaux criminels n'existent pas, pourquoi la presse a rapporté qu'un réseau de trafic d'organes a été neutralisé à Aïn M'lila et un autre à Maghnia ?». Pour rappel, le ministre de l'Intérieur Yazid Zerhouni avait récemment indiqué devant les sénateurs que la DGSN avait déjà traité deux cas d'enlèvement d'enfants. Des affaires liées au trafic d'organes. «Enfin, enlèvement pour prélèvement d'organes ou pour abus sexuel, les enfants sont en danger et il faut trouver des solutions», conclut maître Azi de la cour d'Alger. Il précisera qu'un avant-projet de loi est en préparation au niveau du ministère de la Justice. Sans entrer dans les détails, il a affirmé que ce projet de loi prévoit des sanctions sévères à l'encontre des ravisseurs. «Certains prédateurs ne pourront ni bénéficier d'allégement de peine, ni de grâce», a-t-il tenu à préciser. Pour Me Azi, les lois à elles seules ne règlent pas le problème, il faut que toute la société s'implique pour protéger nos enfants. L'officier de police Kheira Messaoudène a mis en garde les parents quant aux dangers de l'Internet, des cybercafés, des portables et des chaînes de télévision pornographiques. «Il faut savoir une chose. Les agressions sexuelles sont parfois commises entre mineurs», a-t-elle tenu à préciser. «Il faut apprendre à s'inquiéter pour nos enfants quand ils sont absents. Il faut aussi les contrôler».


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