Des élections dans l'indifférence La commune de Bab El Oued boycotte les élections

Après trois semaines de campagne électorale, les habitants de la commune de Bab El Oued se sont donné le mot jeudi dernier, et cela en désertant les bureaux de vote et en laissant des urnes désespérément à moitié vides. Avec un temps qui a joué en défaveur de cette journée, ciel couvert et pluies torrentielles, les habitants de cette commune délaissée ont carrément boycotté les bureaux de vote, seules les personnes âgées se sont rendues jeudi, aux centres de vote pour élire leur futur maire. Dix heures du matin, l'école primaire Amina, ex-Franklin, située à 200 mètres du marché «trois horloges», était quasiment vide, seuls les observateurs et surveillants exécutaient des va-et-vient anxieux dans les couloirs de cette école, en attendant de voir un électeur pointer. Quelques minutes plus tard, une vielle dame accompagnée par son fils fait son apparition, mais elle seule va voter. Son fils pour sa part préfère s'abstenir en déclarant «ma mère ne rate aucun rendez-vous électoral, elle fait partie de cette catégorie de personnes qui croient encore au devoir de citoyen, moi personnellement je ne donnerai ma voix à aucun candidat, car cela ne changera rien, ni à mon quotidien ni à celui de ma commune, ce sont des brasseurs de vent», dit-il. 500 mètres plus loin, le collège «Kandorssi» comme le surnomment les habitants du quartier, a aussi ouvert ses portes pour accueillir les électeurs, des électeurs qui se font désirer et dont le nombre se compte sur les doigts d'une seule main à 11h. À l'entrée de cet établissement, deux hommes, visiblement des quinquagénaires, sont venus ensemble accomplir leur devoir de citoyen : «Je ne crois pas aux miracles, mais je crois quand même à la bonne volonté des gens, c'est pour cela que je suis venu voter aujourd'hui. Il est vrai que les anciens responsables n'ont rien fait pour la commune, mais il faut donner la chance à des nouvelles têtes, hélas, la jeunesse ne semble pas être d'accord avec mon point de vue car aucun de mes enfants n'a voulu s'inscrire pour le vote», nous affirme l'un des deux hommes. Face à l'indifférence totale de la commune de Bab El Oued et surtout des jeunes malmenés par un quotidien difficile, la campagne électorale est passée inaperçue dans cette zone de la capitale. Des affiches déchirées, quelques instants après avoir été collés aux murs et aux panneaux, des tags dénonciateurs, il faut dire que l'ambiance était très favorable au boycott cette année. Avec un taux de participation très faible, Bab El Oued a vraiment fait sentir sa colère et sa méfiance envers les candidats des différents partis. Pour les jeunes, la plupart d'entre eux ont préféré en cette journée glaciale et pluvieuse rester chez eux et squatter les cybercafés et exprimer leur colère sur les réseaux sociaux.
W. S.