La société targuie dans le Grand Tassili N'Ajjer, s'étendant sur le territoire des wilayas d'Illizi et Djanet, veille à la préservation du dialecte local, connu sous le nom de tamahaq, en tant que patrimoine et legs civilisationnel étroitement lié à la culture amazighe des Imohag (Touareg). Face aux mutations induites par la modernité, la diversité des langues et dialectes et leur interaction, et donc du risque d'un impact négatif sur le parler targui authentique, des efforts sont déployés localement pour la sauvegarde de tamahaq en tant que patrimoine culturel authentique dont les calligraphies en tifinagh figurent sur les gravures et peintures rupestres de Tidjelahine, dans les régions d'Iherir et Tadraret, dans les confins du Tassili. C'est à ce titre justement qu'oeuvre Amoud Slimani, chercheur dans le domaine du patrimoine amazigh de la région du Tassili N'Ajjer, à l'enseignement du parler targui dans son authenticité, plus particulièrement auprès de la jeune génération, par le biais de l'association «Anouar Satiaâ» fondée à cet effet, ainsi que l'édition de plusieurs de ses publications sur l'évolution du dialecte local, et tout ce qui l'a accompagné comme mutation socioculturelle. S'exprimant à l'APS, Slimani a évoqué la contribution du dialecte targui au renforcement du sentiment d'appartenance et de la cohésion entre les membres de la société targuie en tant que creuset de la culture et de l'identité Imohag. Il a regretté, toutefois et avec amertume, l'altération linguistique subie par le dialecte local authentique, du fait de l'introduction de néologismes engendrés par le développement du tissu social et le brassage des langues.Raison qui a amené le chercheur à éditer un glossaire regroupant divers mots targuis, leur signification dans les langues arabe et française, leur écriture correcte et leur expression phonétique, tout en veillant à corriger certains erratums très répandus et ciblant l'écriture en tifinagh, sachant que les lettres de l'alphabet tifinagh sont au nombre de 26 et s'écrivent de droite à gauche, contrairement à ce qui est avancé dans certains manuscrits et récits anciens.
Le directeur de la radio locale d'Illizi, Amoud Tafkik, également chercheur dans le patrimoine local, a mis l'accent, pour sa part, sur la conjugaison des efforts des chercheurs, académiciens et autres personnes intéressées par le patrimoine, en vue de réhabiliter le parler targui authentique et promouvoir le dialecte local en renforçant ses usages dans différents domaines pour le transmettre aux générations futures correctement. Il a mis en avant, pour cela, la responsabilité incombant à la presse de proximité dans l'ancrage de ce dialecte et sa valorisation en tant que legs culturel et civilisationnel. Ce à quoi, dit-il, s'emploie la radio locale en émettant 54% de ses programmes en dialecte targui, en plus de diffuser des programmes culturels et éducatifs en vue de revivifier des termes et expressions anciens, dont l'utilisation s'est raréfiée dans le dialecte local.
Parmi les efforts déployés pour sauvegarder tamahaq de la dénaturation et préserver son rôle linguistique chez les Imohag, le mouvement associatif culturel local organise des activités éducatives, à l'instar de celles initiées par l'association culturelle de Ksar Taghourfit et prévoyant des projections audiovisuelles via les réseaux sociaux vulgarisant les modes d'appellation des choses en dialecte targui. Ceci, en plus de plusieurs publications littéraires et éducatives dans le domaine, à l'exemple du livre Imerouane (les parents) du chercheur Youcef Oukassem, comprenant quelque 500 mots targuis expliqués en arabe.
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Posté Le : 24/04/2021
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : L'Expression
Source : www.lexpressiondz.com