Algérie

DES EDIFICES PUBLICS INCENDIES ET DES ARRESTATIONS À MOSTAGANEM La ville de Hadjadj secouée par des émeutes



Des émeutes ont éclaté mercredi soir, après la prière d'el maghreb, dans la paisible localité balnéaire de Hadjadj où des édifices publics ont été incendiés par des centaines de jeunes en furie.
Cette protesta fait suite à la mort par noyade de 5 clandestins parmi un groupe de 11 qui n'ont pas réussi à atteindre l'autre rive de la Méditerranée alors qu'ils étaient à quelque 4 km des côtes ibériques. Ces candidats à l'émigration ont pris le large à partir de la plage le Bosquet le 6 octobre dernier dans des conditions météorologiques très favorables, mais seuls 6 rescapés ont pu rejoindre la terre ferme. A leur arrivée, ils ont pris contact avec leurs familles et les ont informées de la tragédie. Depuis, les familles des 5 victimes ont vainement tenté de rapatrier les corps afin de les inhumer dignement mais les démarches avec les autorités espagnoles sont toujours en cours. Dans la matinée de mercredi, les jeunes du village et des douars voisins se sont contentés d'accrocher une banderole puis d'entreprendre une marche pacifique en hommage aux 5 victimes, mais leur colère atteindra son paroxysme et la marche a rapidement tourné à l'émeute. Profitant de l'obscurité, les manifestants se sont pris en premier au siège de la mairie, une bâtisse datant de l'époque coloniale qui a été entièrement calcinée. «Rien n'a pu être sauvé, les registres de l'état civil et les archives sont partis en fumée, même le toit s'est écroulé sous un énorme fracas», nous dira un témoin oculaire. Le parc de l'APC a subi le même sort où des engins de levage et de transport ont été incendiés. Les manifestants, déchaînés, ont attaqué par la suite l'agence postale qui a été incendiée et vandalisée, ses équipements ; la receveuse et son époux n'ont dû leur salut qu'en sautant par la fenêtre du premier étage du logement de fonction. La bibliothèque et le centre culturel ont été aussi incendiés et dépouillés de leurs équipements informatiques. Les émeutiers ont détruit ou emporté des éléments pédagogiques dans un lycée et un CEM. Au niveau de la station Naftal à la sortie de la ville, c'est de justesse qu'une catastrophe a été évitée lorsque des bouteilles de gaz incendiées n'ont heureusement pas explosé, deux volucompteurs ont été saccagés. Une pharmacie a subi des dégâts, son rideau métallique a été enfoncé et des dizaines de boîtes d'antidépresseurs et d'anxiolytiques (les drogues tranquillisantes) ont été volées. Des jeunes, scindés en groupes déchaînés, ont bloqué les issues menant au centre-ville et se sont attaqués à l'éclairage public. Les gendarmes n'ont pu contenir la foule en furie et des renforts sont venus à la rescousse, et une bataille a opposé les émeutiers qui tentaient de s'en prendre aux commerces et d'incendier d'autres édifices aux brigades anti-émeutes qui ont réussi à les repousser. Quelques rafales d'armes automatiques ont retenti dans le ciel du village jusqu'à 22 heures quand les troubles ont brusquement cessé. Au total, il y a eu 32 interpellations parmi les manifestants dont la plupart ont des antécédents judiciaires. Le lendemain des troubles, c'est-à-dire jeudi, le wali a tenu un point de presse dans son bureau avec les correspondants de la presse écrite et parlée sur les faits survenus la veille à Hadjadj. Bien avant ces troubles, des démarches pour rapatrier les corps des 5 victimes ont été entamées mais il faudrait du temps pour pouvoir les identifier d'une manière formelle. Le dilemme est l'obligation du test ADN pour identifier les corps rejetés par la mer, dira le wali. Aujourd'hui, dira-t-il, la science permet l'identification à partir des tests ADN mais pour des raisons objectives, il incombe à leur famille de se faire identifier pour rapatrier leurs corps. La wilaya a établi des passeports d'urgence et obtenu des visas pour les parents des victimes et pris contact avec le consulat d'Algérie à Alicante et le consulat d'Espagne à Oran pour faciliter les démarches. Ils doivent se rendre en Espagne très prochainement, nous a confirmé le wali. Nous nous sommes rendus vers les lieux des émeutes peu avant midi, et des édifices publics n'étaient que ruine et désolation, certains jeunes sont venus à notre rencontre et nous parler de ce climat de tension qui était déjà perceptible avant, disent-ils, et ce, à l'approche des élections. D'autres nous diront que les différents partis ont trouvé dans ces émeutes le terrain propice pour récupérer la colère des jeunes. Ils ont parlé aussi de la précarité et du chômage dans cette commune. A noter que pendant notre mission d'information, le maire nous a malmenés et nous a rendus (la presse) responsables de ce gâchis.
A. Bensadok
Les victimes de cette tragédie
Hamarid Djamel 32 ans (agent de sécurité, Université de Mostaganem) Saâdaoui Larbi 26 ans (joueur de foot au MCBH) Boubekeur Ladjel, 26 ans (coiffeur) Belharouat Moussa 26 ans (sans profession) et Bouabdellah Tewfik 28 ans (sans profession).


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