Celui-ci a consacré sa première rencontre au «Développement de l'entreprise privée en Algérie». Tour à tour, les intervenants ont mis l'accent sur les errements des choix politiques des gouvernements successifs et leurs conséquences sur le tissu économique. Premier écueil soulevé : l'attitude rétive des banques publiques à financer les PME du secteur privé. «Les banques publiques n'assistent pas les PME alors que le marché reste peu flexible», constate l'économiste Abdelmadjid Bouzidi, estimant que le financement du privé devrait s'élever à 75%. Selon lui, il existe un potentiel important de PME pouvant asseoir une économie de production. Pendant ce temps et depuis 1990, des entreprises du secteur public – un «corps malade», critique M. Bouzidi – font l'objet d'incessants assainissements financiers pour de piètres résultats.
Evoquant une récente mesure, celle du crédit documentaire, décriée d'ailleurs par les chefs d'entreprises, l'intervenant souligne que l'Etat algérien vit une crise de régulation : «Un jour on verrouille, l'autre on déverrouille !», regrette cet économiste. M. Bouzidi n'a pas manqué de dénoncer le processus de prise de décision économique qui n'est pas fondé sur le diagnostic et le dialogue avec les partenaires concernés. Citant deux exemples de réussite, français et américain, en direction des entreprises, il indique que ces deux pays ont solutionné nombre de problématiques en quelques années alors que l'Algérie piétine depuis 15 ans à asseoir une politique économique orientée vers la production et la création d'emploi. Selon lui, l'économie algérienne est otage «de la politique politicienne».
Ceci dit, pour M. Bouzidi, l'épargne privée peut constituer l'alternative pour la promotion de la création de nouvelles entreprises et, par conséquent, de nouveaux postes de travail. Une démarche susceptible de permettre une substitution à l'importation, d'après le principal conseiller économique de l'ancien président Zeroual. Pour sa part, l'économiste Abdelhak Lamiri pose la problématique de «l'organisation» de l'Etat. «Tant que l'Etat n'a pas de stratégie économique à long terme, on aura les mêmes symptômes», analyse-t-il, en rappelant l'inefficacité du maintien des entreprises publiques sous perfusion.
Environ 180 milliards de dollars ont été versés dans le secteur public depuis 1990, selon lui. Presque en pure perte. «Avec cet argent, on aurait pu construire un secteur 5 fois plus fort et créer 3 millions de postes d'emploi», note le directeur général de l'INSIM. Malgré les efforts, déplore-t-il, l'appareil administratif, décrié au demeurant, reste toujours peu expert. «La transition entre une administration bureaucratique et une administration experte n'a pas été réalisée», constate M. Lamiri.
Si l'Algérie dispose de 450 000 PME – loin du voisin marocain – le PDG de l'INSIM estime qu'il faudrait au moins 1,5 million de PME à même de renforcer l'appareil productif national.
Au chapitre des problèmes structurels, il relève la mauvaise qualité de la régulation, le décalage de l'appareil judiciaire, une ressource humaine peu qualifiée, l'accès au foncier et le financement. Ce qui constitue une multitude de contraintes empêchant le développement des PME algériennes. «L'entreprise n'a pas de levier de financement. Les PME se financent à hauteur de 80% par le recours aux fonds propres», note-t-il, regrettant au passage que les banques publiques versent uniquement dans le financement des importations. Il recommande l'orientation de 80% des crédits vers le secteur productif.
En guise d'alternative, l'économiste suggère la mise en place, entre autres, d'un observatoire des entreprises, la réorientation des ressources humaines, des entreprises de gestion du foncier, d'un patronat unifié et l'accélération des réformes, dont celles de l'administration et du système bancaire.
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Posté Le : 26/02/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Hocine Lamriben
Source : www.elwatan.com