Algérie

Des écologistes dénoncent une complicité à "grande échelle"



Le boum ininterrompu des constructions immobilières que connaît la wilaya de Tamanrasset ces dix dernières années aura certainement favorisé le pillage de matériaux alluvionnaires, dont le sable qui fait objet d'une extraction démesurée et non contrôlée.Il s'agit là de la mise en garde de l'académie de la société civile qui dénonce l'ampleur du trafic qui érode les oueds et les sites touristiques situés à seulement quelques toises de la ville de Tamanrasset, à savoir Tahabort et Ahenghes.
La complainte de l'association tombe malheureusement dans l'oreille d'un sourd, eu égard aux escouades d'enginistes qui continuent d'écumer les lits des oueds et les sites qui ont fait par le passé la réputation touristique de la région pour l'extraction illicite de sable.
Une question se pose ainsi : quelle est l'utilité des autorisations accordées pour la création des sablières si l'on n'arrive pas à juguler ce phénomène qui échappe étrangement à tout contrôle '
La réponse est simple pour Mouloud Ourzig, activiste de la société civile, qui dénonce "l'implication de plusieurs personnes" dans cette filière génératrice de profits juteux. Toutefois, peste-t-il, la manière par laquelle est extrait le sable dans la capitale de l'Ahaggar reste condamnable et en interpelle plus d'un.
"L'ampleur connue par ce trafic laisse croire à une complicité à grande échelle", dénonce encore notre interlocuteur. Abondant dans le même sens, Boubakeur, écologiste, fait part des doléances multiples et des missives adressées vainement à l'APC de Tamanrasset, ainsi qu'à l'Office national du parc culturel de l'Ahaggar.
"Favorisé par les autorisations individuelles délivrées provisoirement par la Direction locale des ressources en eau (DRE), le pillage de sable a pris des proportions alarmantes eu égard à l'état de certains endroits touristiques qui sont devenus des gouffres béants du fait de l'extraction irréfléchie de ce matériau", a-t-il maugréé.
Rétorquant à ces allégations, une source auprès de la Direction les ressources en eau de la wilaya de Tamanrasset a tenu à faire savoir que "la délivrance des autorisations provisoires pour l'extraction de sable a été récemment suspendue. Les camionneurs sont donc réorientés vers les sablières mises en service".
Cependant, notre source semble dire tout sauf la vérité, puisque nos investigations ont abouti à un chiffre alarmant d'autorisations provisoires qui auront contribué largement aux massacres causés à l'écosystème et aux oueds frappés par une forte érosion.
En moins de 5 mois, plus de 700 autorisations ont été accordées, malgré l'existence de sablières ayant bénéficié de l'aval du wali et de tous les secteurs concernés, dont l'environnement et l'hydraulique.
Les chiffres en notre possession montrent également que pendant le 2e semestre 2018, la DRE aura accordé 11 autorisations pour l'extraction de 24 330 m3 de sable à seulement 7 km du chef-lieu de wilaya. Au final, ces autorisations provisoires ne servent que "de justificatifs aux pilleurs pour passer entre les mailles du filet sécuritaire", affirme-t-on.

RABAH KARECHE


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