Des écoles primaires privées d'agents d'entretien

Des directeurs de groupements scolaires sont sortis de leur réserve pour dénoncer le déficit en matière d'agents non spécialisés (ANS).«Nous n'avons cessé d'alerter les collectivités locales sur l'impact de l'absence de cette catégorie de personnel sur la scolarisation de nos enfants», a tempêté un directeur, en précisant: «Seules deux femmes recrutées dans le cadre du filet social veillent sur les besoins de pas moins de 900 écoliers de mon établissement.» Et d'ajouter : «Il est impensable que deux personnes puissent satisfaire un pareil établissement dans son nettoyage et surtout dans la préparation des repas chauds pour les apprenants.» «C'est à l'école qu'on apprend aux petits les vertus et la nécessité de grandir dans un milieu environnant sain et propre, alors il est aisé d'imaginer le comportement qu'aura l'élève quand il voit ses sanitaires dégradés», a-t-il ajouté en affirmant : «On a les idées pour faire de l'école le milieu ou l'espace idéal pour s'y développer, mais puisqu'on est paralysé par ce handicap, nos actions se sont limitées au dépoussiérage».
Un autre est allé plus loin en notant : «On a fondé un ministère pour l'Environnement avec des programmes moyennant des sommes colossales, alors qu'il était plus facile d'investir dans les écoles pour rehausser le civisme chez nos enfants.» «Aucun programme dans ce sens ne pourra réussir si nos enfants ne sont pas sérieusement pris en charge dans leur école», a-t-il ajouté. Cette défaillance a aussi eu son effet sur la restauration des scolarisés puisque la grande majorité des établissements se contente de repas froids. Cela dit, les directeurs se sont manifestés pour soulever leurs problèmes et surtout le délabrement de leur école, où tous les vecteurs de la dégradation du milieu environnemental sont réunis. Contactés à ce sujet, des maires ont affirmé leur impuissance à répondre aux doléances de ces directeurs. «Même nous, nous souffrons de cette tare», a souligné un des maires, en ajoutant : «Regardez nos villes, elles sont sales, nous n'arrivons plus à faire face aux déchets ménagers.»