Des eaux qui sifflent la fin de la partie !

Il ne faut pas attendre de compassion de la part d'autorités qui désavouent, sans s'émouvoir, le comportement d'Algériens qui ont un jour décidé de rompre les amarres avec le pays et des dirigeants qui ignorent tout des rêves qui poussent à la désertion. Il y a ces corps que l'on rapatrie lorsque l'on réussit à les sortir de l'eau et il y a ceux qui disparaissent dans des eaux insensibles à leurs projets. Il leur arrive de survivre quand leur embarcation résiste à la traversée et qu'ils sont sauvés in extremis. Mais il leur arrive aussi souvent d'être empêchés d'aller plus loin puis arrêtés par des gardes-côtes algériens. Il y a mieux pour soigner un mal-être et guérir du désespoir et cela ne sert certainement pas à leur faire aimer, plus, un milieu qui les aura gardés à l'écart de ses intentions. Rien ne justifie la volée de bois vert qui leur est réservée lorsqu'ils échouent à donner plus de sens à leur vie, au péril de leur vie.On parle davantage depuis quelques mois de ces jeunes et moins jeunes qui, leur mal-être pour seul compagnon, s'en vont puiser dans des univers moins hostiles une raison supplémentaire d'aborder la vie autrement. Mais on ne parle jamais ou presque de leurs sinistres passeurs.
De cette nouvelle profession qui prend une part essentielle dans le drame, encouragée par le nombre toujours croissant de candidats à l'exil. De monstrueux marchands de la mort qui estiment plus rentable d'?uvrer pour la Faucheuse.
Parfois en famille et parfois seul à jouer leur vie à pile ou face, il n'y a pas de côte qui soit mieux appropriée qu'une autre pour le «sauve-qui-peut», l'essentiel étant qu'elle soit hors de portée des gardes-côtes et que le beau temps milite en faveur de tentatives moins risquées d'aller ailleurs certifier que l'herbe est effectivement plus verte. On est bien trop injuste avec ceux qui ne sont plus là pour se défendre. Avec ceux qui ont pensé réussir à anticiper la menace et étaient convaincus qu'ils réussiraient à la tromper. Et dire qu'une majorité d'entre nous a la certitude que l'Algérie dispose de tous les moyens pour garantir une vie plus que décente au dernier d'entre nous.
M. B.