Algérie

Des divergences politiques avérées


Des divergences politiques avérées
Faut-il rappeler que lorsque la question algérienne avait été inscrite par l'ONU pour un vote en faveur de l'indépendance, la Turquie s'était prononcée résolument contre cette option.La visite en Algérie du président Recep Tayyip Erdogan intervient à un moment où les relations algéro-turques paraissent à leur zénith. Pourtant, les divergences politiques sont à la fois nombreuses et profondes entre les deux pays. Depuis que le vent du Printemps arabe a soufflé sur certains pays dont la Libye et la Syrie, les options d'Alger et d'Ankara ne sont absolument pas identiques. Au contraire, la Turquie, membre de l'Otan, a attisé la braise dans la région, ouvrant la voie aux candidats djihadistes désireux rejoindre les rangs de Daesh et tentant par-là même de saper l'intégrité et la souveraineté de la Syrie. Dans la foulée, et avec l'avènement du parti islamiste qui régente la vie politique turque depuis plus de dix ans, le soutien d'Ankara aux partis islamistes en Egypte, en Tunisie et dans d'autres pays arabes, ne s'est jamais démenti, dévoilant une conjonction de vues et d'intérêts entre une Turquie arc-boutée aux objectifs américains, en particulier, et occidentaux, en général, dans la région, et les pays instigateurs du Printemps arabe comme le Qatar. Faut-il rappeler que lorsque la question algérienne avait été inscrite par l'ONU pour un vote en faveur de l'indépendance, la Turquie s'était prononcée résolument contre cette option. C'est dire si les sujets qui fâchent sont aussi nombreux que ceux qui donnent satisfaction, dans une relation volontiers qualifiée d'historique par les deux pays mais où le poids des non-dits s'avère lourd à gérer. La doctrine de la diplomatie algérienne a toujours été fondée sur la garantie de la paix et de la stabilité des pays afin d'asseoir une coopération mutuellement bénéfique, ce qui signifie par conséquent le rejet inconditionnel de toute forme d'ingérence dans les affaires intérieures des Etats et le respect du libre-arbitre des peuples concernés. Cette ligne diplomatique a scrupuleusement été respectée depuis l'avènement de l'Indépendance nationale, conférant à l'Algérie une aura et une audience à la mesure de sa politique inconditionnelle de soutien aux peuples encore en lutte pour leur indépendance et leur dignité. La position de la Turquie est, pour le moins, différente de cette doctrine. Non seulement, elle contribue activement à la politique de sape des peuples voisins mais elle s'efforce, ne lésinant ni sur les moyens ni sur les manoeuvres, de naviguer au gré de ses intérêts, tantôt soutenant les Kurdes d'Irak et de Syrie contre les régimes en place, tantôt réprimant avec la plus extrême énergie les Kurdes de Turquie en ce qu'ils représentent une menace avérée pour...l'intégrité du pays. Vérité en deçà des montagnes turco-irakiennes ou turco-syriennes, erreur au-delà. Tel est le dogme du gouvernement turc, au demeurant supra-partisan, et l'intérêt prononcé pour les formations islamistes au Maghreb qu'encourage et stimule Ankara depuis des années sera une autre pomme de discorde, même si le but du président turc reste, bien sûr, de booster la coopération bilatérale et d'arracher, du même coup, le maximum de parts de marchés pour les entreprises de son pays...