Algérie

Des difficultés économiques en perspective



Il ne fait nul doute que l'année 2011 risque d'être difficile pour l'économie tunisienne. Certes, la chute du dictateur Ben Ali est un événement extraordinaire dont les conséquences positives seront, très certainement, nombreuses. Mais dans le même temps, les événements de ces derniers jours auront un impact négatif sur l'activité, ne serait-ce qu'à court terme. Premier concerné, le tourisme qui pèse 15% du Produit intérieur brut sachant que la Tunisie est la 44e destination touristique mondiale, avec en moyenne 8 millions de touristes par an (ils étaient estimés à 9 millions en 2009 et le régime déchu tablait sur 10 millions, en 2014). Aujourd'hui, ce secteur est, d'ores et déjà, ébranlé par le départ massif de la clientèle européenne et par les annulations en cascade qui se multiplient en Europe, entre autre en France. Du coup, le manque à gagner risque d'être important.

En effet, en 2010, les recettes touristiques ont atteint près de 2 milliards d'euros, un chiffre conséquent qui équivaut au tiers des recettes extérieures, doit beaucoup au positionnement «low-cost» du tourisme tunisien mais aussi à l'afflux important de visiteurs algériens chez leur voisin. Au vu de l'importance de cette manne dont dépendent, bon an mal an, 800.000 emplois directs et indirects, tout l'enjeu pour les nouvelles autorités tunisiennes va donc être de ramener le calme et de restaurer l'image touristique du pays. Un objectif qui passera certainement par des campagnes massives de communication mais dont l'effet ne se fera sentir qu'au bout de plusieurs mois. Après la Guerre du Golfe de 1991 et la désaffection des touristes occidentaux, il avait fallu attendre 1993 avant que le niveau du tourisme, en Tunisie, revienne à son niveau habituel.

 Reste que l'économie tunisienne ne se limite pas qu'au tourisme. Il y a d'abord l'agriculture qui représente 11% du PIB. Des trois pays du Maghreb, elle est celle qui a le mieux accompli sa mutation pour s'intégrer dans les échanges mondiaux. Dopées par l'accord d'association avec l'Union européenne (laquelle absorbe 80% des échanges commerciaux tunisiens), les exportations concernent à la fois le textile – lequel a bien résisté à la concurrence chinoise – mais aussi plusieurs industries y compris de pointe. Selon une étude récente de l'Institut de prospective économique du monde méditerranéen (Ipemed), la Tunisie a même réussi à faire évoluer son outil industriel de façon à bénéficier d'un plus fort transfert de technologie – et donc de valeur ajoutée - dans les implantations étrangères. Cela concerne des secteurs tels que les composants automobiles, les biens d'équipements, l'électroménager mais aussi les industries aéronautiques et pharmaceutiques. Au total, les industries exportatrices pèsent près de 35% du PIB. A cela, il faut aussi ajouter le développement de services exportateurs (centre d'appels, back-office de grandes entreprises délocalisés,…).

 La nécessité du retour au calme ne concerne donc pas uniquement le tourisme mais aussi des activités économiques exportatrices qui exigent réactivité et flexibilité. Que le désordre actuel vienne à durer et il est à craindre que les usines de textile ou d'électronique perdent des contrats en étant incapables de fonctionner faute de travailleurs ou de matière première.

 Mais à moyen terme, la chute de Ben Ali va peut-être libérer les initiatives individuelles et surtout, relancer l'investissement du secteur privé. Jusqu'à présent, craignant un accaparement par le clan présidentiel, la grande majorité des entrepreneurs a figé ses activités quand ils ne transféraient pas leurs avoirs à l'étranger. Aujourd'hui la donne a changé et un surplus d'investissement pourrait permettre à l'économie tunisienne de gagner les deux points de croissance supplémentaires nécessaires pour permettre une réduction importante du chômage.




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