Algérie

Des détenues à l'honneur



Les détenus du centre de rééducation de Bouzaroura ont célébré Youm El Ilm jeudi dernier. Le monde carcéral féminin était également de la partie, car plusieurs d'entre ces femmes, environ 38 purgeant leurs peines ou en attente de jugement, ont été primées par les responsables de l'établissement pénitentiaire et par l'Association des femmes algériennes pour le développement (AFAD). Cette dernière a à son actif une autre opération non moins louable : l'initiative de fêter, il y quelques jours, l'anniversaire de quatre pensionnaires. L'occasion leur a ainsi été offerte d'oublier, le temps d'un après-midi, les rigueurs de l'enfermement. Elles avaient ri et dansé jusqu'à en perdre le souffle. A l'exception d'une septuagénaire, la plupart d'entre elles ont une moyenne d'âge de moins de 40 ans, hormis une mineure de 18 ans. Sur un ton triste, elle nous fera savoir qu'elle fêtera ses 19 ans au mois de juillet prochain, mais hors des barreaux. Outre cette jeune détenue, la présence d'une autre jeune femme en voie d'accouchement, et surtout celle d'un enfant de moins de deux ans, ne laissait pas indifférent. On nous apprendra que celui-ci était avec sa maman depuis la naissance. On se rappelle qu'interrogée à ce propos, maître Yamouna Mérabti, présidente de l'Association des droits de l'enfant (Aden), avait affirmé qu' « en préférant garder leurs enfants auprès d'elles depuis la naissance, les mères en milieu carcéral, n'estiment pas à sa juste mesure l'effet sur l'enfant au plan psychologique que peut entraîner l'enfermement ».Dans ce contexte, ajoute t-elle, plusieurs psychologues considèrent, à l'unanimité, que si un enfant est gardé par sa mère détenue, il doit être logé avec elle dans des locaux distincts de ceux des autres détenues. Car cet enfant doit évoluer dans un environnement matériel permettant les stimulations sensorielles et la plus grande liberté de mouvement possible. Or, la situation d'exiguïté extrême de nos établissements carcéraux est un handicap majeur pour réunir toutes ces conditions. Concernant le cas de la détenue en voie d'accouchement, notre interlocutrice indiquera : « Ces femmes qui vont en prison pendant la grossesse peuvent accoucher, si urgence il y a, à même la prison où l'enfant ouvre les yeux dans un environnement empreint de brutalité. Mais, elles accouchent généralement à l'hôpital sous surveillance policière. » En cas de refus des proches de la détenue de l'accueillir, l'enfant finit par aller en prison avec sa mère. En Algérie, aucun texte de loi n'oblige la mère à se séparer de son bébé ; le choix lui revient, précise-t-elle.D'autres juristes, hommes et femmes, appellent, par ailleurs, le législateur à penser sérieusement à la question vu son caractère sensible. Le vide juridique dans notre pays est fortement décrié par les hommes de droit qui n'ont pas manqué de faire allusion à ce qui est de mise outre-mer. « En France par exemple, modèle dont est inspirée une grande partie de la législation algérienne, la limite d'âge pour le maintien de l'enfant en prison est fixée à 18 mois ; mais, elle peut être prolongée si la mère le demande, sur décision du ministre de la Justice et avis d'une commission consultative. Parfois, des mamans de nouveaux-nés sont libérées sous des conditions spéciales », a conclu la présidente de Aden.


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