Des députés du PT justifient leur démarche

Vers la fin du mois de mars dernier, le bureau politique du Parti des travailleurs a annoncé la décision de retirer définitivement ses députés de l'Assemblée populaire, afin de faire écho au grondement de la rue contre le régime. Cinq députés ont respecté cette résolution, dont la secrétaire générale, Louisa Hanoune, et des membres de la direction, parmi lesquels Ramdane Youcef Taâzibt et Djelloul Djoudi.Six élus (un décédé dernièrement) ont refusé de renoncer à leur mandat. Acculé par le bureau politique qui les a accusés, dans son dernier communiqué, d'?uvrer contre la révolution citoyenne et de chercher à déstabiliser le parti de l'intérieur de ses structures, les parlementaires sont sortis du silence pour éclairer l'opinion publique sur les raisons qui ont motivé leur démarche. Ils arguent que le timing choisi pour déserter les travées de l'APN "est dangereux, car il porte atteinte à la stabilité de l'une des plus importantes institutions (?) Nous avons refusé de contribuer à un jeu malsain qui vise à faire basculer le pays dans le vide institutionnel et constitutionnel, complique la crise et expose la souveraineté nationale au danger".
Les élus réfractaires affirment, en outre, s'opposer à "la méthode abusive et dictatoriale avec laquelle a été imposée la décision, sans recourir à sa validation par les instances du parti, particulièrement le comité central". Ils expriment une suspicion sur les dessous de cette "démission soudaine", dès lors que l'option a été proposée le 2 mars de l'année en cours, mais rejetée par le secrétariat national, au motif qu'elle est suicidaire pour la formation politique. "Qu'est-ce qui a changé la donne en 21 jours '" s'interrogent les députés du PT, encore en activité à la première Chambre du Parlement.
Chacune des deux parties antagonistes avance ses arguments pour appuyer ses positions. En définitive, cette guerre intestine mine le parti, déjà fortement éprouvé par le placement en détention préventive, par le tribunal militaire de Blida, de sa porte-parole Louisa Hanoune, le 8 mai dernier. De lourdes accusations pèsent sur la femme politique, autour de laquelle le Parti des travailleurs s'est construit en 1990, à l'orée de l'ouverture du champ politique au multipartisme.

Souhila H.