Algérie

Des démolitions, de la tension et beaucoup d'interrogations



L'opération d'éradication d'habitations illicites érigées sur les terres d'une exploitation agricole individuelle (EAI), à Sidi Chahmi, s'est déroulée dans le calme. Mais sitôt les engins, qui ont rasé environ 250 habitations partis, leurs occupants se sont regroupés sur l'avenue qui relie la trémie de la cité Djamel à l'Etablissement hospitalier du 1er-Novembre, qu'ils ont fermée durant une bonne partie de la soirée de mardi, avec des objets hétéroclites.
Ces familles, qui entendaient protester contre la mesure de démolition, ont dénoncé ce qu'elles ont qualifié de hogra. «Nous habitons le site depuis une dizaine d'années. Nous avons acheté des lots et enregistré ces acquisitions auprès des services communaux.
Nous disposons de raccordements électriques et au réseau d'AEP et, aujourd'hui, on vient nous annoncer que nous sommes dans une situation d'illégalité. Tous les élus locaux qui se sont succédé à la tête de l'APC étaient au courant de notre installation et aucun n'est venu nous annoncer que nous squattions une terre agricole», affirment les habitants délogés qui exhibaient des documents attestant qu'ils avaient acquis ces terres auprès du gérant de l'EAI, en fuite depuis que la démolition du site a été décidée par le wali.
D'ailleurs, et selon de nombreuses sources, il a été déchu du droit d'exploiter ce terrain qui lui a été attribué dans le cadre de la loi sur la concession agricole. «C'est criminel ce qu'ils ont fait, ils ont déraciné 400 oliviers, ils savaient bien qu'il s'agissait d'une terre agricole, incessible et inconstructible», fera remarquer un élu communal.
«Faux rétorquent les anciens occupants, ils ne nous ont jamais interdit l'achat ou la construction. Certains élus venaient nous réclamer de l'argent et d'autres nous ont aidés dans la régularisation de notre situation administrative moyennant de l'argent. Ils nous ont exploité et aujourd'hui ils ne prennent même pas leurs responsabilités», affirment-ils.
Cette complicité de certains élus et cadres de l'administration locale a été d'ailleurs confirmée par une source crédible, qui n'a pas manqué, au moment de notre passage, d'interpeller le P/APC : «Des responsables sont complices et ils ne seront pas épargnés par l'enquête actuellement en cours. C'est criminel ce que vous avez fait. Vous auriez dû leur interdire l'installation dès le premier jour.»
Hier, les anciens habitants de ce site se sont déplacés au siège de la commune où ils ont été reçus par le P/APC de Sidi Chahmi. «Nous ne réclamons que notre droit à un toit. Nous avons dépensé toutes nos économies pour ces constructions et aujourd'hui on vient nous annoncer leur démolition. Nous n'allons pas nous taire car ils ont tous profité de notre situation», dira un citoyen en faisant allusion aux différents élus qui se sont succédé à la tête de cette commune où fleurissent les sites de l'habitat précaire, à l'instar du bidonville Dubaï. «Qu'ils osent s'attaquer à ce site s'ils sont des hommes», pestera notre interlocuteur à l'adresse des élus.
L'accès à la daïra d'Arzew fermé
Hier, l'information d'une opération d'éradication de sites de l'habitat précaire à la cité Zabana et Cap Carbon a poussé près d'une centaine de personnes à fermer l'accès à la daïra d'Arzew. Durant une bonne partie de la journée, la circulation automobile dans cette cité pétrolière a été fortement perturbée. Cette opération, prévue le 20 juin prochain, pourrait connaître des heurts si on se fie à la détermination des occupants de ces sites, qui ont affirmé qu'ils sont prêts à utiliser tous les moyens pour barrer la route aux engins de démolition.
Le chef de daïra a reçu, en début d'après-midi, une délégation et la tension restait perceptible dans la cité dans l'après-midi. Mais en attendant, l'habitat précaire à Oran est un phénomène qui n'aurait pas pu connaître son acuité si ceux qui y vivent n'ont pas bénéficié de complicités au niveau de l'administration locale, d'où les nombreuses interrogations des citoyens sur l'identité de ceux qui tirent les ficelles de ce business qui se nourrit de la détresse des citoyens demandeurs de logements.




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