Des délinquants sèment la terreur

Une bande de délinquants, au nombre de douze, s'est investie dans ce qui semble être du mercenariat. Cette activité liée au banditisme est vécue quotidiennement par la population des deux plus grandes communes de la wilaya (Annaba-El Bouni) et même dans celle d'El Tarf.Cette bande agit sur commande en réponse à toute demande de représailles, d'agression, de vols ou de règlement de compte. Ces «mazdaouias» qui font fonction de «baltagias» opèrent moyennant finance au vu et su de tout le monde. Se déplaçant dans deux camionnettes bâchées type Mazda, la bande s'est constituée à la faveur du phénomène de la criminalité générale qui prend de l'ampleur dans les grandes agglomérations. Elle est à l'origine d'une multitude d'agressions de citoyens dont le tort est d'avoir eu un différend avec le voisin ou pour avoir commercé en concurrent sur un site déjà occupé. Agissant toujours en groupe, ces délinquants sont également commandités par des partis politiques, les barons de la drogue, les bandes rivales de délinquants intéressés par la pratique du racket, vols avec violence et homicides volontaires. Notamment les délinquants acteurs des parkings sauvages, marchés des fruits et légumes, le port de la grenouillère, la poissonnerie du marché couvert, les plages, les débits de boissons alcoolisées et autres sites régulièrement fréquentés par les spécialistes du recel. La brutale descente que les mazdaouias ont effectuée la semaine écoulée sur les hauteurs de Bouzaroura (El Bouni) donne un aperçu sur leur capacité de nuisance. Armés de sabres, épées, couteaux de boucher et gros bâtons, ils ont surgi de nulle part, pris possession des lieux, cherchant celui ou ceux devant être corrigés, ont commis leur agression, détruit tout sur leur passage avant de repartir aussi rapidement qu'ils sont apparus sens être inquiétés. Lors de son dernier point de presse, le wali d'Annaba, Youcef Cherfa, avait clairement exprimé sa volonté de mettre un terme aux situations d'anarchie à l'origine de l'insécurité sévissant à Annaba. Il a même révélé la prise de mesures pour éradiquer les marchés informels et les parkings sauvages. Un mois plus tard, la population de la wilaya d'Annaba n'a rien vu venir. La situation a davantage empiré pour devenir pratiquement ingérable. A l'image de celle des marchés illicites qui refont leur apparition aussitôt démantelés. Leur multiplication en toute impunité indique l'échec de la politique des marchés de proximité pour laquelle l'Etat a investi des milliards. «Quand on sait que c'est le Premier ministre en personne qui, il y a quelques années, a inauguré le marché de proximité de Souk Ellil et que l'on voit ce qu'il en est advenu, il y a de quoi dire que cette opération a été réalisée pour permettre à certains de se remplir les poches. Où est la crédibilité de l'Etat '», s'interroge un père de famille. Pour sa part, la direction de la sûreté de wilaya signale, dans son dernier communiqué, que des interventions ont été opérées par les différents services de sécurité sur l'ensemble du territoire de la wilaya durant le premier trimestre de 2016. Ils ont permis l'interpellation de plusieurs centaines de personnes. La même institution a précisé que des individus ont été surpris en train de commettre différents délits et crimes. D'autres ont été arrêtés parce que recherchés pour leur implication présumée dans différentes affaires criminelles. L'intensification de l'interventions des services de sécurité dans l'ensemble des communes et le renforcement de la présence des patrouilles de police piédestres et motorisées ont permis de réduire les actes de délinquance. Il reste, néanmoins, que les «mazdaouias» sèment la terreur et provoquent un sentiment d'insécurité parmi la population. C'est pourquoi la plupart des habitants évitent de s'attarder de jour comme de nuit dehors de peur d'une mésaventure. On ne parlera pas des vols à l'arraché, des agressions et autres qui sont presque devenus des faits divers banals. A tel point qu'on arrive à en blâmer les victimes. Faute de rigueur, tels les poursuites judiciaires et l'emprisonnement à l'encontre des mis en cause, les opérations de lutte contre la délinquance dans les communes d'Annaba, El Bouni, El Hadjar, Sidi Amar sont vouées à l'échec. Quotidiennement, les rues, boulevards et places publiques sont envahis par les délinquants habillés de la tenue d'animateurs des marchés informels hantés par les dealers ou des «parkingueurs».