Des débats toujours utiles

Une campagne électorale est toujours le moment propice pour connaitre les opinions, les visions et les programmes des partis politiques qui aspirent à gérer le pays. La campagne électorale d'avril 2012 a été une grosse cacophonie au regard du nombre important de formations politiques qui y ont participé. Cette fois- ci, leur nombre s'est fortement réduit laissant la place à des formations qui ont un ancrage plus large dans la société et dans le pays. Pourtant, le silence des formations politiques et de leurs leaders est assourdissant. Personne ne fait meeting. Personne ne lance de polémique. Rien à dire et rien à démontrer. Il semblerait que la messe électorale ait été dite sans que les observateurs ou les électeurs n'y aient assisté. Il est vrai que le lancement officiel de la joute électorale est pour demain. Cependant la vie politique est morose. Encore une fois, on laisse la place à la communication gouvernementale sans que l'on sache si ce que fait le gouvernement est bon pour la Nation ou tout simplement un leurre. L'opposition est silencieuse. La majorité se complait dans un soutien muet. Le gouvernement bénéficie, probablement, d'une période d'observation au moment où il prend des décisions importantes pour l'avenir immédiat des citoyens.
Habitat, industrie, ville, énergie et finances sont bouleversés par de nouvelles orientations et décisions. Le débat est au niveau décisionnel. Le ministre de l'Intérieur crée la polémique avec son collègue des Finances et le gouverneur de la Banque d'Algérie arbitre. Les partis politiques, là aussi, sont inaudibles.
Les animateurs de la vie politique accuseront surement les média de manquer de professionnalisme et mal faire leur travail. Mais il est de plus en plus évident que c'est les média qui tentent d'animer une vie politique morne et sans relief. La presse algérienne joue, et cela depuis plus d'une décennie, le rôle d'animatrice de la vie politique. Une mission qui n'est pas la sienne. Et par conséquent, elle le fait souvent par défaut et mal à propos.
Les analystes, experts et les éditorialistes se retrouvent à essayer de combler un vide des plus néfastes. Les débats sont toujours utiles. Un politique doit toujours dire ce qu'il pense de tel ou tel phénomène de société ou de tel acte de gouvernance. Les débats permettent d'affiner une idée, un concept ou une vision. Ils permettent de connaitre où se situent les divergences et les consensus. Les débats permettent aussi aux électeurs d'affiner leur choix le jour du vote.
La campagne électorale sera-t-elle l'occasion de débats ou d'une succession de monologues partisans ' A ce stade de la compétition politique, il est quasi certain qu'hormis quelques petites phrases de la part de certains leaders, l'opinion publique aura droit simplement à des «Je suis le sauveur». Pourtant, les politiques savent qu'à part les comiques, personne ne s'intéresse au monologue.
A. E.