-Le conseil de l’Ordre d’Alger compte boycotter aujourd’hui les tribunaux et les cours pour protester contre le projet de texte portant organisation de la profession d’avocat. Peut-on connaître votre position par rapport à cette action '
La décision de boycott ne concerne que le conseil de l’Ordre d’Alger, qui est le seul sur les 15 que compte l’Union des barreaux à avoir déclenché une action de protestation. Pour l’Union, il s’agit d’un non-événement.
-Ne pensez-vous pas que le projet de texte portant organisation de la profession concerne tous les avocats et, à travers eux, l’Union des barreaux '
Je suis entièrement d’accord avec vous. Néanmoins, il aurait fallu agir de façon plus concertée avec l’ensemble des conseils pour atteindre les objectifs assignés. Le barreau d’Alger a demandé la tenue d’une assemblée générale extraordinaire pour discuter de la position à adopter par rapport au projet de loi. Des correspondances ont été échangées avec le bureau du conseil de l’Ordre d’Alger, mais également avec les autres bureaux. Il n’y a pas eu consensus autour de la nécessité d’aller vers une assemblée générale. Les bâtonniers ont fait part, d’une manière très franche et transparente, de leurs préoccupations au ministre de la Justice, Tayeb Belaïz, et aux membres de la commission juridique de l’assemblée nationale. Ils estiment qu’il y a une volonté d’enrichir l’actuelle mouture en l’expurgeant de tous les articles contestés. Chacun des 15 bâtonniers a donné son avis sur le projet.
La majorité était pour un amendement des 20 articles qui posent problème et une minorité pour l’abrogation de tout le texte. L’essentiel, c’est qu’à la fin, il y a eu un consensus sur la nécessité de focaliser sur les 20 articles contestés par tous, en ouvrant un large débat au sein de la base, avant de passer à toute action de protestation, dans la mesure où nous sommes toujours au stade de la discussion. Le président de la commission juridique a même déclaré que l’étape actuelle est celle d’un débat ouvert à toutes les parties concernées par le texte. Ce qui veut dire qu’il y a réellement une volonté d’amender la loi. Raison pour laquelle les bâtonniers ont préféré attendre la fin de cette première étape pour décider s’il faut aller sur le terrain de la contestation ou non.
-Voulez-vous dire que le bâtonnat d’Alger veut faire cavalier seul '
Le boycott ne concerne nullement l’Union. Légalement, le bâtonnat d’Alger doit assumer sa responsabilité face à cette action, d’autant que faisant cavalier seul, il ne changera rien à la situation. Il ne fera que pénaliser les justiciables. Au cours des débats que nous avons eus avec les membres de la commission juridique de l’assemblée nationale, les députés étaient ouverts à tous les amendements. Ils n’étaient pas fermés sur la mouture présentée par le ministre. Bien au contraire, ils nous ont promis de prendre en compte toutes nos réserves et d’aller plus loin en faisant appel à toutes les parties concernées de près ou de loin par le texte. Ce qui a poussé les bâtonniers, et à travers eux l’Union, à laisser le débat se poursuivre et voir ce qui va en sortir. Mais le barreau d’Alger a préféré faire cavalier seul en appelant au boycott des audiences. Du point de vue du droit, cette action est illogique. Je me demande pourquoi une telle décision et à quel dessein elle répond.
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 23/06/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Salima Tlemçani
Source : www.elwatan.com