Algérie

Des constructions en dur à Portus Magnus



Un "massacre" que déplore Nasser Boukhari, membre fondateur de l'association "Les amis du vieil Arzew". Il tient avant tout à rappeler qu'aucune construction, aucune fouille sur le site archéologique ne peuts e faire sans l'aval de la direction de la culture ou du ministère de tutelle.Les actes d'agression continuent contre Portus Magnus, la cité archéologique romaine située à Bethioua. Alors que l'Algérie se focalise sur les infrastructures sportives et d'accompagnement pour être à la hauteur des Jeux méditerranéens, l'un des aspects les plus fondamentaux de cette organisation est tout simplement occulté. En effet, un trésor archéologique à ciel ouvert tel que Portus Magnus, un site qui s'étale sur une quarantaine d'hectares, constitue une importante étape à faire découvrir aux visiteurs étrangers lors de ces jeux, pour peu que les autorités centrales et locales mettent fin à son abandon total. Encore plus fâcheux, si le constat de l'état de délabrement avancé qui caractérise aujourd'hui le site est depuis longtemps acté, l'impensable vient de se produire depuis deux mois avec des constructions en dur qui ont été érigées à quelques mètres de l'entrée des ruines romaines, sinon à l'intérieur même d'un site pourtant classé par trois fois, en 1900, 1967 et 1983. Sur place, on a observé deux constructions finies et un traçage au plâtre d'un terrain de 2000 m2 qui devrait probablement abriter une nouvelle maison. Sur un poteau électrique adjacent, une pancarte qui indique le permis de construire d'un mur d'enceinte selon un décret exécutif n°19-15 en date du 25 janvier 2015.
Même si l'édification de ces murs est autorisée, il n'en demeure pas moins qu'elle est en totale contradiction avec l'article 17 de la loi 98-04 du 15-06-1998 protégeant les sites historiques qui stipule qu'il est interdit toute construction à moins de 200 m des ruines qui sont apparentes. Un "massacre" que déplore Nasser Boukhari, membre fondateur de l'association "Les amis du vieil Arzew", agréée en 1993 mais qui a gelé ses activités depuis presque huit ans. Il tient avant tout à rappeler qu'aucune construction, aucune fouille sur le site archéologique ne peut se faire sans l'aval de la direction de la culture ou du ministère de tutelle.
Evoquant ces nouvelles édifications, en craignant qu'elles ne soient suivies d'autres, il précise qu'"ils ont bâti en fondation sur les toits des constructions romaines soutenues par des murs entiers en bon état. Ils sont arrivés jusqu'à 6 m de profondeur en déblayant tous les remblais en terre et en pierres qui servaient aux fondations de ces constructions". Notre interlocuteur affirme qu'il a alerté la directrice de la culture de la wilaya d'Oran le 31 octobre dernier, alors que le projet de construction n'en était qu'aux fondations, mais apparemment rien n'a été entrepris puisque les habitations ont été réalisées entre-temps.
Ces remblais, abandonnés en face du cimetière communal de Bethioua sur le lieudit Ararsa, regorgent de véritables trésors archéologiques, puisqu'il suffit juste de gratter un peu ou plus en profondeur pour trouver des ossements humains, des restes d'amphores ou encore des pièces de monnaie romaine datant de plusieurs siècles. Les amoureux et les défenseurs des sites archéologiques, paléontologiques et pétroglyphiques, ainsi que du patrimoine culturel immatériel de l'Algérie sont en droit de s'interroger sur cette situation qui risque de faire des émules un peu partout dans le pays.

SAID OUSSAD


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)