Algérie

Des Commissions d'enquête pour le contrôle pédagogique et commercial: Les écoles privées dans le collimateur



Les ministères de l'Education nationale et du Commerce ont décidé de mettre de l'ordre dans les écoles privées, dont certaines ont du mal à se conformer à la réglementation en vigueur et échappent souvent aux contrôles, selon les associations des parents d'élèves.Les deux départements ministériels ont fait état, dans un communiqué rédigé conjointement, de la mise en place de Commissions d'enquête mixtes pour vérifier la conformité des établissements d'éducation et d'enseignement privés aux conditions d'exercice aux plans pédagogique et commercial. Cette décision a été bien accueillie par les représentants des parents d'élèves; «une revendication qui ne date pas d'aujourd'hui, nous avions déjà sollicité l'intervention de la tutelle pour mettre de l'ordre dans les écoles privées et ce depuis 2008, que ce soit par la promulgation d'une loi spécifique ou par des cahiers de charges stricts et unifiés qui permettent aux ministères de l'Education et du Commerce d'avoir un ?il, sur tout ce qui se passe dans ces établissements», nous dira Fatiha Bacha, membre du Bureau national de l'Association nationale des parents d'élèves (Anpe). Et de poursuivre «car il s'agit bien de l'avenir et de la sécurité des élèves, du citoyen algérien», atteste-t-elle.
Les deux départements ministériels «ont été destinataires de nombreuse plaintes de parents d'élèves, scolarisés dans des établissements d'éducation et d'enseignement privés, au sujet de pratiques commerciales arbitraires et anti-pédagogiques de la part de certains responsables de ces établissements», a-t-il été indiqué. Il s'agit notamment de «l'exigence du paiement des charges du 3ème trimestre malgré la suspension des cours, depuis le 12 mars 2020, en application des mesures de prévention décidées dans le cadre de la lutte contre l'expansion du coronavirus», lit-on dans le communiqué.
Le ministère de l'Education nationale avait également reçu, après la suspension des cours, en mars dernier, en raison de la propagation du Covid-19, des plaintes de parents d'élèves au sujet de la réclamation du paiement des charges du 3ème trimestre par nombre d'écoles privées, faute de quoi, les enfants se verront privés des relevés de notes et de la réinscription pour l'année scolaire prochaine. Ce qui a fait réagir le département de Mohamed Ouadjaout, et des mises en garde ont été adressées, fin-mai dernier, aux directions des écoles privées. Des avertissements pour non-application des instructions de la tutelle relatives à la clôture de l'année scolaire et à la remise aux élèves des relevés de notes, en application des décisions du Conseil des ministres, avaient été aussi adressés. La tutelle avait enjoint les destinataires de respecter «scrupuleusement» les textes législatifs et réglementaires en vigueur, menaçant les contrevenants de mesures disciplinaires administratives rigoureuses, en se réservant le droit d'engager des poursuites judiciaires, selon le communiqué.
C'est donc suite à ces plaintes, et en application des dispositions législatives et réglementaires en vigueur, régissant les secteurs de l'Education nationale et du Commerce, qu'il a été décidé, précise le communiqué «la création de Commissions d'enquête mixtes, composées d'inspecteurs des deux secteurs afin de s'assurer de la conformité des établissements concernés aux conditions d'exercice aux plans pédagogique et commercial». Le but escompté étant de «permettre aux élèves de bénéficier d'une scolarité normale et de garantir la transparence et la probité des pratiques commerciales», selon les rédacteurs du communiqué. Pour Fatiha Bacha, il n'y a pas seulement le volet commercial, mais il y a aussi celui pédagogique et surtout l'évaluation pédagogie qui échappent parfois aux contrôles. Elle précise que certains directeurs d'écoles privées gèrent leur établissement en violation des dispositions règlementaires. Et de souligner que son association a reçu plusieurs plaintes et ce, depuis des années, mais ce sont, malheureusement, «des plaintes verbales» appelant les parents d'élèves des écoles privées à s'organiser en association nationale pour pouvoir défendre, au mieux, l'intérêt de leurs enfants et des élèves en général. Elle dira, en outre, que son association est disposée à jouer le rôle de médiateur. «On ne fait pas de distinction entre les écoles privées et publiques, mais tout cela doit se faire dans un cadre bien organisé», souligne-t-elle.
Elle ouvre une parenthèse pour affirmer que son association est contre la fermeture des écoles privées en cas d'infraction, «tout doit se faire par étapes, par des mises en demeure, des avertissements, et pourquoi pas des rencontres bilatérales entres les directeurs des écoles privées et les deux tutelles pour soulever et relever tous les problèmes d'ordre technique, juridique ou pédagogique», ajoute notre interlocutrice.
«Et pourquoi pas programmer des réunions périodiques, tout au long de l'année, en exigeant des bilans périodiques que ce soit pour le volet pédagogique ou commercial, estime-t-elle. Pour Fatiha Bacha «la fermeture de l'école et la sanction n'est pas une fin en soi, car une école, c'est ses élèves, ses enseignants et son personnel technique et administratif, il faut se mettre autour d'une table pour diagnostiquer les problèmes de fond, afin d'y remédier», a-t-elle recommandé. Elle précise que l'Ecole privée, avec toutes ses insuffisances, répond à une demande en matière d'éducation et elle est complémentaire à l'Ecole publique.
Le secteur de l'Education nationale compte 488 établissements privés d'éducation et d'enseignement répartis à travers 31 wilayas.
Pour rappel, le président de l'Organisation algérienne de protection et d'orientation du consommateur et son environnement (APOCE), Mustapha Zebdi, avait à maintes reprises dénoncé, à travers ces interventions dans les médias et à travers les réseaux sociaux, les pratiques illégales de certains établissements d'éducation et d'enseignement privés. Notamment, ceux qui ont voulu obliger les parents d'élèves à s'acquitter des frais de scolarité pour le 3ème trimestre en dépit de la suspension des cours. Ainsi que la décision de ces établissements de ne remettre aux élèves les bulletins scolaires qu'une fois le paiement effectué. Un comportement provocateur, selon l'APOCE, et contraire à la loi. L'Association des écoles privées d'Alger, créée récemment, a déploré pour sa part «le tollé suscité sur les réseaux sociaux et ceux qui exploitent la conjoncture pour attenter à l'image des écoles privées», selon l'APS.


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