Algérie

Des commerçants bien riches



Des commerçants bien riches
La fermeture des locaux commerciaux durant une semaine dans les grandes villes d'Algérie alimente commentaires de presse et discussions de chaumières. Il y est question d'incivisme, de situation de guerre ou de couvre-feu pour expliquer, de manière ironique, le dictat imposé par les commerçants aux consommateurs qui n'ont pas eu l'idée de faire des provisions pour la semaine. Une situation de pénurie provoquée par une catégorie sociale au détriment d'une autre sans aucune explication et sans obligation de justification.Il s'agit cependant d'un indice important pour les pouvoirs publics sur la capacité financière de cette catégorie d'employeurs. Les «petits» commerçants en général et les boulangers en particulier sont tellement riches qu'ils peuvent se permettre de fermer leurs locaux et mettre à l'arrêt leurs outils de production pendant une semaine tout en payant loyers, amortissements des équipements et congés exceptionnels à leurs employés. Pourtant, il s'agit des mêmes qui expliquent, à longueur d'année, leurs difficultés à payer impôts, taxes, salaires, charges et autres petits dinars à la Cnas et aux autres institutions.Les pouvoir publics, sensibles à ce genre d'arguments, ont décidé de concourir à leurs équipements en différents matériels avec des facilités, des réductions de taxes et des bonifications pour leurs crédits bancaires. «Ils ajoutent de l'eau à la mer», comme l'explique si bien un adage populaire.Les commerçants algériens, dans leur grande majorité, sont riches à millions de dinars. Ils contribuent pour une grande part à l'expansion du commerce informel et à la fragilisation de l'économie nationale. Ils ne respectent que très peu les règles d'hygiène. Ils oublient que des équipements publics et des services de qualité demandent de l'argent et ce dernier ne peut provenir que des contributions directes et indirectes aux budgets de l'Etat et des communes.En réalité, les commerçants algériens n'ont pour seul souci que de trouver trucs et astuces pour ne pas payer impôts et charges patronales. La corruption des fonctionnaires est devenue une institution. On ne la nomme plus corruption mais salaire, cadeau et d'autres termes qui la rendent plus douce et donne cette impression de ne commettre rien d'illégal ou de péché.Les commerçants sont riches et peuvent se payer des fonctionnaires et des congés qui n'en finissent pas. L'absence de comptabilité, de caisse enregistreuse, de normes dans la prise de jours de repos ou de nombre d'heures de travail légal pour leurs employés ne met pas nos commerçants sous la coupe réglée de la loi. Ce sont eux qui détiennent la force de la puissance publique puisque l'Etat, le maire ou tout autre représentant légal ne peut rien. Ahmed Ouyahia avait bien raison d'avouer le recul de l'Etat face aux forces de l'argent. Il n'y a pas de meilleure illustration que cette image de villes mortes que nous offre nos «pauvres» commerçants. Faites vos courses dès maintenant, l'Aïd El Kebir est dans 70 jours.
A. E.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)