Algérie

Des commerçants au bord de la faillite



Les mesures supplémentaires du dispositif de la gestion de la crise sanitaire qui entre dans le cadre de la lutte contre la pandémie de nouveau coronavirus et leur prolongement pour une durée de quinze jours à partir du 2 décembre dernier ont fini par impacter sévèrement les commerces concernés. Les commerçants se sentent comme étant les victimes sociales du coronavirus. Ils sont au bord de la faillite.Abdelhalim Benyellès - Alger (Le Soir) - Un tour dans les quartiers de la capitale, hier, fait apparaître un sentiment de désespoir.
Les coiffeurs, les fast-foods, les commerces d'articles ménagers, literie et tissus, d'articles de sport, les salons de coiffure, les pâtisseries et les restaurateurs, ceux concernés directement par le dispositif de la gestion de la crise sanitaire du nouveau coronavirus mis en place par le gouvernement partagent dans leur ensemble la même « détresse ». Mais ce sont les restaurants qui ont été frappés de plein fouet. Non seulement l'accès au commerce est interdit, mais les repas doivent être servis à emporter.
Ce qui ne correspond nullement à la tradition du restaurateur ni aux habitudes de la clientèle.
Pour un gérant de restaurant spécialité poisson, à Belouizdad, visité hier à midi, la mesure équivaut à la fermeture « pure et simple » du restaurant pour un commerce dont le chiffre d'affaires tourne autour des quelque 120 000 DA par jour habituellement, le plat le moins cher étant fixé à 450 DA pour le cas de la sardine, alors qu'un repas de poisson varié pour une famille de 4 personnes revient à près de 12 000 dinars, témoigne un père de famille à Alger habitué aux établissements spécialisés. Ce qui explique clairement l'ampleur des pertes. « Habituellement, la salle est pleine à cette heure-ci », affirme notre interlocuteur. Sa clientèle est composée essentiellement de fidèles, notamment les employés des administrations environnantes, nous fait-il savoir. Et d'ajouter : « Nous servons des plats comme les soupes et les poissons qu'il est impossible de livrer à emporter. »
La salle est archi-vide, et il n'y a que le patron et un seul travailleur qui sont présents. « J'ai été obligé de libérer plusieurs travailleurs », nous confie aâmmi Ahmed, un restaurateur connu à Alger. Il est debout, face à un lot de boîtes de plats à emporter rangées sur une table. « Regardez, nous dit-il, ces 40 baguettes de pain que j'ai ramenés ce matin sont restées presque intactes », poursuit-il. C'est pour nous faire savoir que les repas à emporter n'intéressent aucunement les clients. Mais il s'inquiète quand même au sujet de sa clientèle. « Je suis en mesure de fermer boutique en attendant la disparition de la pandémie, mais je pense à mes clients », lâche-t-il sur un ton sérieux.
La rentabilité a sévèrement chuté, si l'on ajoute à cela les pertes subies de par les autres charges du commerce. Mais ce même commerçant, sur un ton serein, tient surtout à prier Dieu pour la disparition rapide de la pandémie. « On ne peut rien contre la situation sanitaire tout comme on n'est pas contre les mesures prises par le gouvernement, avance-t-il, le plus important reste la disparition au plus vite de la pandémie .»
Le même sentiment est perceptible chez un autre restaurateur dans les quartiers de Belouizdad qui nous confie que le chiffre d'affaires journalier quotidien qui avoisinait habituellement les 80 000 DA a considérablement reculé, puisque dans le meilleur des cas, il n'atteint que les 20 000 DA.
Il s'en tient quand même au destin, et se résigne à la volonté divine, priant Dieu pour des jours meilleurs. « On n'y peut rien », lâche-t-il. Et c'est justement la même expression qui est réitérée par l'ensemble de la corporation, ceux des commerçants visités dont les activités commerciales sont soumises aux nouvelles restrictions. « On est obligés de nous habituer à vivre avec cette situation », affirment-ils dans leur ensemble.
Un propriétaire d'un salon de coiffure des quartiers de Ruisseau, obligé de baisser rideau à 15 heures, conformément aux nouvelles mesures sanitaires, assiste, lui aussi, impuissant à la dégringolade de son chiffre d'affaires depuis l'application du nouveau dispositif de gestion de la crise sanitaire. Selon lui, habituellement, le plus gros de sa clientèle arrive en fin de journée, c'est-à-dire après les heures de travail.
Ce qui implique que l'activité se retrouve sévèrement impactée. « À présent, je ne reçois plus que quelques clients la matinée», nous fait savoir le coiffeur, et c'est la raison pour laquelle il nous avoue qu'il a dû libérer deux travailleurs, car il considère que la nouvelle mesure de confinement s'apparente à la « fermeture pure et simple » du commerce.
Avec le net recul de l'activité, il n'a plus besoin de travailleurs, parce qu'il se retrouve confronté au poids des charges du loyer, de la facture de l'électricité, du gaz et des impôts.
A. B.


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