Je tiens d'abord à remercier vivement Mr le wali d'Oran et Mr le président de l'APC d'Oran pour cette aimable invitation qui ont bien voulu organiser cette rencontre. Comme je tiens également à remercier vivement l'ensemble des élus locaux ainsi que la société civile toutes sensibilités confondues en espérant un débat productif fructueux privilégiant uniquement les intérêts supérieurs de l'Algérie avec cette devise qui m'a toujours animé : ni sinistrose, car beaucoup de réalisations depuis l'indépendance politique mais également des insuffisances qu'il s?agit de corriger : donc ni autosatisfaction mais un langage de vérité. Ce qui vient de se passer récemment notamment à Alger, les pluies orageuses qui se sont abattues dans la soirée du 1er et le 2 octobre 2018, ont provoqué des inondations sur plusieurs tronçons et ouvrages routiers et des infiltrations d'eau dans des habitations et équipements publics Et aucune ville ou villages au Nord et au Sud ne pourrait être épargné sans une nouvelle politique d'aménagement du territoire qui fait cruellement défaut, ce qui interpelle les autorités aux plus hauts niveaux locale, centrale et également la société civile.Pour réaliser la symbiose Etat-citoyens, la régionalisation économique peut être définie comme un mode d'organisation de l'Etat qui confère à la région un rôle et un statut économique, caractérisé par une autonomie relative mais non indépendant de l'Etat central pour les grandes orientations stratégiques cette autonomie étant donc encadrée par l'autorité nationale. La mise en place de pôles régionaux économiques doit avoir pour conséquence un meilleur gouvernement réel ressenti comme tel par la population, l'argument de base résidant dans la proximité géographique. Cela signifie qu'il existe une solution locale aux problèmes locaux et que celle-ci est nécessairement meilleure qu'une solution nationale. Aussi, ces actions opérationnelles impliquent de répondre aux questions fondamentales suivantes :
- compétences des régions ;
- règles de composition et de fonctionnement des assemblées et exécutifs régionaux;
- ressources des régions ;
- relations avec le pouvoir central ;
- modalités de transfert aux pouvoirs régionaux
- concertation entre régions.
7- Selon les théories traitant de la régionalisation économique, la diversité des situations locales impose une diversité de solutions pour s'adapter aux conditions locales spécifiques. La régionalisation économique couplée avec une réelle décentralisation supposant une clarté dans l'orientation de la politique socio-économique évitant des tensions et conflits entre le pouvoir local et central et des concurrences entre le centre et la périphérie permettrait un nouveau cadre de pouvoir avec des nouveaux acteurs, de nouvelles règles et de nouveaux enjeux avec des nouvelles stratégies élaborées.
Elle devrait favoriser un nouveau contrat social national afin d'optimaliser l'effet de la dépense publique et rendre moins coûteux et plus flexible le service public. La création d'un nouvel espace public générerait une nouvelle opinion publique, voire une nouvelle société civile. Le débat permet l'émergence de thématiques communes, des modes de propositions communs et donc déterminerait des choix collectifs optimaux. Les expériences historiques montrent clairement que si la centralisation a été nécessaire dans une première phase, elle a atteint vite ses limites et que ce sont les pays qui ont développé des décentralisations réelles et non des déconcentrations, synchronisant gouvernance centrale et locale, qui ont le mieux réussi leur développement.
Une réorganisation du pouvoir local dont la base est la commune, pour une société plus participative et citoyenne s'impose, réorganisation fonction de la revalorisation de la ressource humaine renvoyant à l'urgence de la révision du statut de la fonction publique. Après la «commune providence» du tout Etat, l'heure est au partenariat entre les différents acteurs de la vie économique et sociale, à la solidarité, à la recherche de toutes formes de synergie et à l'ingénierie territoriale. C'est à la commune que reviendra ainsi la charge de promouvoir son espace pour l'accueil des entreprises et de l'investissement.
La wilaya et la commune doivent passer du stade de collectivités locales providences à celui de collectivités locales entreprises et citoyennes responsables de l'aménagement du développement et du marketing de leur territoire. Cela implique à la fois de la compétence mais également être à l'écoute des préoccupations des citoyens. Les tensions pas seulement dans le Sud mais dans bon nombre de wilayas ne doivent pas être pris à la légère par des replâtrages sans vision stratégique. On ne crée pas des emplois par décrets ou dans l'administration, sinon le problème ne se poserait pas pour tous les pays du monde.
Il existe une loi économique insensible aux slogans politiques : en ce XXIème siècle, le taux d'emploi dépend avant tout de la dynamisation de la sphère économique, de l'entreprise, de son soubassement le savoir à l'ère du digital et de l'intelligence artificielle, et ce dans le cadre des valeurs internationales. La nouvelle vision de la gestion centrale et locale doit renforcer la cohésion sociale et l'efficacité économique et sociale à travers l'implication tant des élus locaux que des citoyens reposant sur la bonne gouvernance centrale et locale qui doit être synchronisée et l'efficacité des institutions. Aussi, évitons des solutions déconnectées des réalités locales et mondiales et privilégions uniquement les intérêts supérieurs de l'Algérie. Les expériences récentes doivent etre méditées C'est qu'une centralisation bureaucratique à outrance favorise un mode opératoire de gestion autoritaire des affaires publiques, une gouvernance par décrets, c'est-à-dire une gouvernance qui s'impose par la force et l'autorité loin des besoins réels des populations et produit le blocage de la société.
Je considère que la régionalisation économique- pas le régionalisme- renforce le rôle de l'Etat régulateur, l'efficience économique et contribue grâce à la concertation permanente, à l'unité nationale par la cohésion sociale. La pleine réussite du redressement national qui ne concerne pas uniquement l'économique mais le politique, le social et le culturel, implique de poser le nouveau rôle de l'Etat et son articulation avec le marché dans la future stratégie, inséparable des nouvelles mutations mondiales : cela s'appelle instaurer un Etat de Droit et la démocratie tenant compte de notre anthropologie culturelle.
8- En ce mois d'octobre 2018, il faut être réaliste. Deux institutions stratégiques garantissent la sécurité nationale.
L'ANP et toutes els forces de sécurité et Sonatrach c'est l'Algérie et l'Algérie c'est Sonatrach procurant directement et indirectement 98% des recettes en devises du pays La situation socio-économique actuelle exige une action vigoureuse de redressement national qui doit constituer la principale priorité au vu des tensions géostratégiques au niveau de la région et budgétaires inévitables entre 2018/2020/2025, d'autant plus que des scénarios préfigurent une grave crise mondiale horizon 2020/2022 avec des incidences sur le cours du pétrole, principale source de devises du pays. Les principaux indicateurs officiels tant de al ban que d'Algérie que de l'avant projet de loi de finances 2019 ont un impact sur l'évolution du niveau des réserves de change et la cotation officielle du dinar, existant un écart d'environ 50% avec la cotation sur le marché parallèle.
Les réserves de change ont évolué ainsi :
2012 : 190,6 milliards de dollars,
2013 : 194,0 milliard de dollars,
2014 : 178,9 milliards de dollars,
2015 : 144,1 milliards de dollars,
2016 : 114,1 milliards de dollars,
2017 : 97,3 milliards de dollars.
Selon la banque d'Algérie, bilan du premier semestre 2018, par rapport à fin décembre 2017, les réserves de change se sont contractées de 8,72 milliards de dollars en passant de 97,33 milliards à fin décembre 2017 à 88,61 milliards à fin juin 2018, ce qui donnerait fin 2018, selon la même tendance un montant de 79,89 milliards de dollars.
L'avant projet de loi de finances 2019 est plus inquiétant puisque comme incidence, l'encours des réserves de change sera impacté et se contracterait à 62, milliards de dollars en 2019, 47.8 en 2020 et à 33.8 milliards de dollars en 2021, le FMI prévoyant 12 milliards de dollars courant 2022. Espérons des solutions rapides en s'attaquant aux vénérables problèmes qui secouent le pays à savoir l'approfondissement des réformes afin d'éviter à l'Algérie un retour au FMI horizon 2022.
Pour relever les défis futurs, se projeter sur l'avenir, une nouvelle gouvernance, un langage de vérité et la moralité des gouvernants s'imposent. Avec une plus grande rigueur budgétaire, une meilleure gouvernance, un changement de cap de la politique économique actuelle, avec un baril entre 60/70 dollars, l'Algérie peut sens sortir, possédant des atouts avec un endettement extérieur faible environ. 06 milliards de dollars. L'Algérie possède toutes les potentialités pour réussir supposant une autre démarche où le Politique, l'Économique, le Social, le Culturel sont dialectiquement liés. Retarder les réformes structurelles conduira inéluctablement à la régression économique et sociale, la cessation de paiement horizon 2022 avec les risques de tensions sociales et la déstabilisation de la région méditerranéenne et africaine avec des interférences étrangère, du fait que l'Algérie est un enjeu géostratégique, ce qu'aucun patriote algérienne souhaite.
Aussi, l'Algérie a besoin d'une nouvelle stratégie, s'adaptant au nouveau monde, de la CONFIANCE pour sécuriser son avenir, de s'éloigner des aléas de la mentalité rentière, de réhabiliter le travail et l'intelligence. En résumé, en ces moments de turbulences géostratégiques et internes, nous devons rassembler tous les enfants de l'Algérie et toutes les forces politiques, économiques et sociales, respectant les différences sensibilités loin de tout extrémisme néfaste, par un discours de tolérance, évitant la division sur des sujets secondaires. Le devenir de l'Algérie doit l'emporter sur les intérêts personnels et partisans étroits. Il y va de la sécurité nationale.
(Suite et fin)
Dr Abderrahmane Mebtoul, professeur des universités, expert international
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Posté Le : 20/10/2018
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Abderrahmane Mebtoul
Source : www.lnr-dz.com