Des citoyens pénalisés dans des communes d’Oran

Des millions de dinars pour des… bureaux de poste fermés Des infrastructures socio-économiques réalisées à coup de centaines de millions, il y a plusieurs années, dans certaines communes de la wilaya d’Oran, ne sont toujours pas mises en service pour certaines et sont tout simplement abandonnées pour d’autres… Ainsi donc, la situation de certains bureaux de poste revient au-devant de la scène. Et l’un des cas édifiant n’est autre que le bureau postal de Chahid Mahmoud, localité distante de 3 km de Hassi Bounif. Cette structure a fonctionné trois ans durant avant qu’elle ne soit «fermée sur décision d’Algérie poste». Pour quel motif? Aucune réponse officielle pour le moment. «Une attitude plutôt inadmissible pour ne pas dire saugrenue lorsqu’on sait que cette antenne postale qui a été édifiée avec un logement d’accompagnement a coûté aux deniers publics pas moins de 4 millions de DA.» C’est l’avis du moins du président de l’APC de Hassi Bounif, Bouras Belkacem, qui exhibe des documents officiels. «L’antenne postale qui a été réalisée avec un réseau de téléphone R.S.S. a été fermée, exactement, fin janvier 2008. Le 15 mars dernier, nous avons saisi les autorités compétentes pour demander des explications sur cette décision de fermeture de ce bureau de poste et pour son ouverture éventuelle, bien entendu, malheureusement, nous n’avons reçu aucune réponse à ce sujet.» «Ce n’est pas tout!» fait-il remarquer. «Le 4 août 2008, on a adressé une autre lettre de rappel sous le numéro 2112, pour demander encore une fois la réouverture de la structure au profit de la localité de Chahid Mahmoud dont la population est estimée à plus de 20.000 habitants. Pas de réponse non plus!» Autres détails et non des moindres. Après la réception définitive du bureau postal de Haï Kharrouba en 2008, l’APC de Hassi Bounif a demandé à la direction générale d’Algérie Poste (correspondance numéro 1969 du 14 juillet 2008) de se rapprocher de l’administration communale pour un éventuel transfert du bureau postal en faveur d’Algérie poste. «Aucune réaction de cette instance.» Même cas pour le bureau postal de Hassi Ameur, petite localité connue surtout pour sa zone industrielle. Une zone très importante, malheureusement dépourvue de réseau informatique d’Algérie poste, selon une source responsable qui confie que «le câble central alimentant la ligne de Hassi Ameur vers Hassi Ben Okba aurait été volé». Une situation qui continue de pénaliser nombre de citoyens de cette localité, comme le dit avec un pincement au cœur un père de famille contraint de faire une dizaine de km vers Hassiane Toual, ou encore Hassi Ben Okba, distante de 8km, pour toucher sa paie. Une autre personne, détentrice d’un CCP, la soixantaine entamée, de souligner: «Trouvez-vous normal cette situation. Je me demande où sont les responsables d’Algérie poste pour nous épargner tous ces problèmes. Je suis obligé de faire à chaque fois 16km entre l’aller et le retour pour toucher ma pension. C’est vraiment scandaleux!» Ce parcours du combattant est malheureusement le même pour tous, notamment les investisseurs, au nombre de 49, aujourd’hui découragés par l’absence du réseau informatique CCP, et ce, pour les différents dépôts de deniers. Tout ce beau monde est contraint de prendre le risque de verser l’argent soit à Hassi Bounif soit à Oran. Une situation qui a tout l’air de s’éterniser, comme le déplore un autre citoyen de Hassi Ameur. Depuis la restructuration de l’ancienne administration des Postes et Télécommunications en Entreprise publique Industrielle et commerciale( EPIC), c’est-à-dire Algérie Poste et Algérie Télécom, l’on rencontre des problèmes, celui de la remise du courrier au citoyen à l’agence postale. Une information confirmée par un citoyen de Haï Mohamed Boudiaf, une agglomération secondaire distante de 16km du chef-lieu. Mêmes déboires des populations de Kharrouba et de Chahid Mahmoud qui sont contraintes de faire ce déplacement à Hassi Bounif pour toucher leur paie ou leur pension. «Cela fait 8 ans qu’on fait ce marathon. Voyez-vous ce que nous endurons? Il faut que les autorités locales fassent quelque chose pour trouver une solution à nos problèmes.» En attendant, les citoyens continuent de subir le calvaire au quotidien, comme le dit un handicapé qui lève ses mains au ciel de désespoir. Toujours est-il, cette situation d’attentisme a fait réagir le maire de Hassi Bounif, à l’occasion de la rencontre wali-cadres, tenue à l’hémicycle, qui a crevé l’abcès en invitant le coordinateur d’Algérie poste de la wilaya d’Oran, présent dans la salle, à lui fournir des explications sur cette nébuleuse concernant la non mise en service de deux autres bureaux postaux, à savoir ceux de Kharrouba et de Zouia. Des infrastructures réalisées depuis des années avec l’argent du contribuable, dans le cadre du PCD, pour plus de 8 millions de Da, et dont l’ouverture tarde à venir. «Des infrastructures pour qui l’administration d’Algérie poste a été convoquée à chaque opération d’inscription et de choix d’assiette de terrain» comme a tenu à le préciser le wali d’Oran après la réponse jugée «évasive» du responsable d’Algérie poste. Ce dernier s’est limité à dire que «la fermeture du bureau de poste de Chahid Mahmoud a été décidée à cause d’un manque d’effectifs». Des propos qui n’ont pas convaincu le maire de Hassi Bounif qui soutient que durant son passage en tant que délégué exécutif communal, en 1996, il avait acheté pour le bien-être de ses administrés un micro-ordinateur pour l’agence principale de son village, «au moment où, au niveau des Postes et télécommunications, on disait qu’on n’avait pas d’argent». «J’estime que les choses ont bougé depuis la restructuration d’Algérie poste mais, malheureusement, pas dans le sens souhaité par les citoyens, sinon comment expliquer qu’on dise aujourd’hui qu’on n’a pas les moyens», lâche notre interlocuteur. Y a-t-il une nouvelle orientation au niveau d’Algérie poste? Rien n’est moins sûr. C’est pourquoi le wali d’Oran a demandé au représentant local de cette institution de dresser une liste de bureaux de poste fermés ou encore dépourvus d’effectifs et de moyens afin de saisir la tutelle sur ce dossier. Un dossier chaud car deux autres communes connaissent, elles aussi, le même problème. Il s’agit de Mers El-Hadjadj et Bir El-Djir! Safi Z.