Algérie

Des choix cornéliens s'imposent



Des choix cornéliens s'imposent
La chute des prix du Brent se poursuit inexorablement et les avis des experts concordent pour dire que la courbe descendante va durer, apparemment jusqu'à avril-mai 2015 pour des raisons de géopolitique mondiale.La loi de finances 2015 a été votée par les deux chambres du Parlement et n'attend plus que sa signature, le 31 décembre prochain. Mais il semble bien que des aménagements, voire des correctifs, vont devoir être apportés afin de prendre en compte les données incontournables d'un prix du baril qui n'a pas encore achevé sa longue descente aux enfers. Car, pour l'Algérie qui dépend à plus de 90% de ses hydrocarbures, le drame est de nature dantesque.Certes, les responsables tant des finances que de l'énergie et des mines sont montés au créneau pour balayer d'un revers de la main les prophéties des Cassandre, arguant que le Fonds de régulation des recettes (FFR) permet de faire face à la situation pendant au moins trois ans.Du coup, les concepteurs de la loi de finances 2015 ont zappé toutes les mises en garde et remis au gouvernement un texte qui n'observe ni prudence ni rigueur budgétaire.Au contraire, l'Etat envisage, si cette loi est appliquée telle quelle, de maintenir les dépenses «superflues» au niveau de 2014, soit plus de 60 milliards de dollars jetés aux hordes de l'import-import (on les estime à 300.000!) qui inondent, depuis plusieurs années, le marché national en produits contrefaits.Les importations ont franchi la limite de la décence et, pour s'en convaincre, il suffit d'observer les étals des supérettes et autres magasins sous perfusion. Le gouvernement Sellal qui oeuvre à la concrétisation du programme du président Bouteflika est devant un choix cornélien.Trancher dans le vif en appliquant les mesures salvatrices auxquelles appellent les experts pour sauvegarder une position enviable faite d'un endettement public minimal (374 millions de dollars en 1973 contre 20,4 milliards en 2000) et de réserves de change confortables (et non pas colossales comme on se plaît à dire alors que celles de l'Arabie saoudite sont quatre fois supérieures pour une population moindre. Ou opter pour la tactique de l'autruche, et feindre de ne s'alarmer en aucune manière.Comment faire lorsque la problématique de la diversification des exportations, et donc des ressources, est demeurée des décennies durant un discours sans conséquence' Et comment faire, surtout, dans un contexte géopolitique crucial où la garantie de la paix sociale doit perdurer à n'importe quel prix'Difficile, problématique même, est la décision à prendre mais, pour citer Malek Haddad, «à l'heure du bilan, les sourires sont graves».Les dépenses englouties dans l'acquisition de véhicules bas de gamme et pièces détachées contrefaites, de produits cosmétiques à la provenance douteuse, de tonnes de médicaments dont une grande partie finissait dans les incinérateurs, voire les décharges publiques, et j'en passe, peuvent-elles se poursuivre avec la même frénésie, dans le même esprit de gaspillage à tout-va' Il appartient aux secteurs concernés, comme celui de la santé par exemple, de dresser une liste méthodique des médicaments indispensables et des appareils nécessaires à une médecine moderne, sans autre souci que celui de préserver les équilibres financiers du pays.De même, pour celui de l'énergie qui a tant fait languir tout un peuple au sujet du certificat de conformité des véhicules, à tel point que des corbillards ont été importés et ont contribué à l'aggravation des accidents de la route, en toute impunité alors qu'à l'inverse, des bolides très haut de gamme sont importés et vendus rubis sur l'ongle puisque l'Etat n'impose ni impôt sur la fortune ni taxes réelles sur le revenu en rapport avec le train de vie...S'il est des équipements qui représentent un plus pour le développement du pays et pour l'apprentissage des générations futures - je pense aux technologies de l'information et de la communication -, il n'est pas nécessaire d'être grand clerc ou d'une promotion de Saint-Cyr pour ventiler, avec doigté, les biens et produits utiles et nécessaires, d'une part, et tout ce qui n'est que dilapidation des richesses, d'autre part.C'est, semble-t-il, le souci qui anime les deux réunions interministérielles aujourd'hui programmées par le Premier ministre.Reste à savoir comment les décisions prises seront opérées, dans une loi de finances complémentaire probablement.




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