Algérie

Des chiffres et une réalité



Les chiffres donnés par le directeur de l 'emploi de la wilaya de Tizi Ouzou, ne prêtent guère la jubilation. Le taux de 7,23% de chômage au niveau local est loin de faire l'unanimité. Personne n'y croit. Pour de nombreuses personnes questionnées, hier à cette effet, on s'accorde à dire que pour avoir le vrai taux, il est nécessaire de multiplier celui donné par quatre. Loin des bureaux et des chiffres, la réalité du terrain est tout autre. Le chômage fait rage. Il touche quasiment toutes les franges de la société en particulier les nouveaux diplômés qui viennent grossir inexorablement les rangs de chômeurs chaque année. L'université de Tizi Ouzou à elle seule, fait grossir les effectifs des chômeurs avec au minimum 5000 nouveaux chômeurs chaque année. Quasiment tous ceux qui sortent fraîchement de cette université vont droit au broyeur qui est le chômage. Ils auront à ce moment-là à chercher inlassablement un hypothétique emploi depuis des années. a ceux-là s'ajoutent les sortants des centres de formation professionnelle et les victimes de la déperdition scolaire. Rien qu'à voir le nombre de demandes en stand-by au niveau de l'agence de wilaya de l'emploi, il est clair que le nombre de chômeurs est très important. Aux derniers chiffres qui nous ont été communiqués à propos, sur les 35 549 demandeurs d'emplois qui se sont inscrits à l'Agence nationale de l'Emploi de Tizi-Ouzou en en vue de décrocher un poste de travail durant la période allant de 1er janvier jusqu'au 31 août dernier, 10 177 placements ont été effectués dans le cadre du marché classique de l'emploi (Contrat de durée déterminée ou bien indéterminée). Si l'on se tient seulement à ces chiffres, il est donc aisé de dire qu'il y a quelques 25 000 demandes sont en attente. Ce chiffre n'est rien devant ceux qui n'ont pas pris le soin de s'inscrire auprès de l'agence de l'emploi. La réalité est toute autre. En effet, rares sont les jeunes fraîchement diplômés qui trouvent un poste de travail deux ou trois années après leur sortie de l'université. Des milliers de jeunes, filles et garçons peinent à se faire embaucher au niveau de cette wilaya où l'économie est un mot d'une autre langue qu'on n'arrive pas à pénétrer. L'investissement est à la traîne à Tizi Ouzou, cette wilaya que les investisseurs ont fuit depuis longtemps. En plus des contraintes bureaucratiques, les investisseurs potentiels tournent le dos à cette région pour d'autres raisons comme celles liées au problème du foncier industriel, au manque de volonté manifeste de faire sortir cette région de son marasme. Son tissu économique est complètement démembré. Résultat : le taux de chômage augmente d'une manière exponentielle et ce phénomène génère, dans son sillage de nombreux autres phénomènes sociaux comme la délinquance, la criminalité et le banditisme sous toutes ses formes, la toxicomanie, l'exode et la «harga». On croit savoir à ce propos que selon ce que rapporte la vox-populi que du littoral de la région de Dellys jusqu'à Azeffoun, moins 35 ont pris le large depuis le début de l'été. Ces jeunes fuient le chômage, la mal vie, etc.Galère et horizons bouchés
Dans les villes comme dans les villages les plus reculés de la Kabylie profonde, de nombreux jeunes ayant perdu tout espoir de se faire une situation comme on dit dans le jargon populaire se retrouvent presque poussés à tenter l'aventure ailleurs la tête pleine de rêves et de chimères. Même si l'on feint d'ignorer un peu le phénomène, il est utile de rappeler qu'ils sont nombreux à «brûler» leur vie de barbelés en optant pour la «harga». Le chômage contribue aussi à l'aggravation du phénomène de la mendicité. Aujourd'hui, les jeunes ne rêvent que d'une seule chose : partir. personne ne sait décrire leur situation mieux qu'eux. Horizons bouchés, lendemains incertains, des postes d'emplois au compte-gouttes, angoisse, des diplômes qui ne servent presque à rien, etc : tous les euphémismes et toutes les litotes ne suffiront pas pour décrire le mal qui ronge «les sans ou les demandeurs d'emplois», comment on tend à les appeler. Telle est, donc, la situation on ne peut plus désespérée dans laquelle se retrouve une large frange de la société broyée par le chômage et toutes les retombées que cela implique. L'emploi au niveau de la wilaya de Tizi Ouzou demeure presque un vain mot.


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