Algérie

Des chiffres et des hommes



L?intervention du gouverneur de la Banque d?Algérie devant les députés suscite, au-delà des indicateurs « rassurants » avancés à travers les chiffres, quelques inquiétudes. Des chiffres qu?il faut rapporter avec ceux avancés par le chef du gouvernement, annonçant une rallonge de 5 milliards de dollars aux 55 autres déjà dégagés au profit du programme de soutien à la relance économique. Tandis que le ministre de l?Energie avait, pour sa part, déclaré que les recettes d?exportations des hydrocarbures devraient atteindre, pour l?année en cours, la barre des 40 milliards, le 31 décembre. Cela fait beaucoup d?argent, certes, et un peu d?espoir chez les opérateurs économiques en particulier et les citoyens d?une manière générale. Espoir de relance des investissements productifs pour les uns et de mieux-être, de logements, d?emplois pour la grande majorité des autres. Des appréhensions aussi, surtout si l?on se réfère aux propos du grand argentier qui a révélé devant les parlementaires qu?en l?espace d?une année, le nombre de chèques en bois a augmenté de plus de 50% en 2004 et que les fausses domiciliations bancaires enregistrées l?an dernier avoisinent les 10 000. C?est dire combien les opérations frauduleuses qui consistent à accaparer l?argent de la rente sont malheureusement devenues légion, surtout quand les moyens de contrôle font défaut. Quant au préjudice financier subi par les banques, il reste sans doute encore à évaluer, certainement en milliards de dollars. A l?instar de l?affaire de la BNA qui n?a pas livré encore tous ses secrets tant que l?enquête n?aura pas été achevée. D?ores et déjà, avec les scandales financiers révélés çà et là et qui n?épargnent ni les banques publiques ni même les succursales algériennes d?institutions étrangères, non seulement les cheveux se dressent sur la tête de tout un chacun, mais toutes ces affaires attestent que l?on a bel et bien affaire à une véritable criminalité financière organisée agissant en réseaux maffieux et possédant des complicités à tous les niveaux de l?administration et des institutions financières. Un nouveau fléau contre lequel il convient de se prémunir, faute de quoi toute cette manne engrangée à la faveur d?une conjoncture internationale favorable (jusqu?à quand ?) va fondre comme neige au soleil.


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