Algérie

Des chercheurs japonais jettent un pavé dans la mare



"L'augmentation de la durée de vie des voitures neuves et d'occasion pourrait contribuer de manière significative à l'atténuation du réchauffement climatique", indique l'étude de ces universitaires.Des chercheurs japonais de l'université japonaise de Kyushu viennent de jeter un pavé dans la mare. Dans une étude intitulée "A generalized framework for analyzing car lifetime effects on stock, flow, and carbon footprint" (Un cadre généralisé pour analyser les effets de la durée de vie des voitures sur le stock, les flux et l'empreinte carbone), ces chercheurs ont battu en brèche les arguments selon lesquels la voiture électrique n'était pas aussi verte qu'on le croit et qu'il n'était pas temps de se débarrasser des motorisations thermiques (diesel et essence). Selon les deux auteurs, cette étude propose un nouveau cadre pour estimer les effets des changements dans la durée de vie physique (PHL) des voitures et la durée de vie de possession (POL) du stock, du flux et de l'empreinte carbone (CF) de voitures neuves et d'occasion.
L'application de ce cadre à toutes les voitures neuves et d'occasion immatriculées au Japon de 1990 à 2016 a montré qu'une extension de 10% du PHL des voitures réduisait le CF des voitures de 30,7 millions de tonnes (Mt), tandis qu'une extension de 10% du POL des voitures neuves réduisait le CF des voitures de 26,4 Mt et une extension de 10% du POL des voitures d'occasion ont produit une réduction de 5,2 Mt.
D'un autre côté, une réduction de 10% de la durée de vie dans les trois cas a augmenté la CF de 42,2, 29,4 et 6,0 Mt respectivement. Ces résultats indiquent que l'augmentation de la durée de vie des voitures neuves et d'occasion pourrait contribuer de manière significative à l'atténuation du réchauffement climatique. Pour obtenir une réduction importante des émissions de CO2, les concepteurs devraient se concentrer sur les moyens de prolonger la durée de vie des véhicules.
La messe est dite, les objectifs tracés à l'horizon 2035 pour certains pays et 2050 et 2060 pour d'autres sont remis en cause. Du moins, en partie. Du coup, "remplacer des voitures essence, encore en bon état de fonctionnement, par des voitures électriques neuves est une mauvaise idée", estime cette étude japonaise qui tire la sonnette d'alarme.
L'obsession de la transition énergétique des pays qui voudraient, en urgence, engager l'accélération du process des voitures électriques, hybrides ou à hydrogène, risque de tomber à l'eau. Ainsi, selon ces chercheurs, "conserver votre ancienne voiture essence plus longtemps serait bénéfique pour l'environnement, bien plus qu'une transition forcée vers une voiture électrique neuve".
Partant des chiffres réels, ces deux scientifiques valident une toute autre idée : "L'empreinte carbone d'un véhicule ne se limite pas à ses seules émissions à l'échappement, et mettre à la casse des voitures encore en bon état de fonctionnement n'est pas une bonne idée." Cela signifie-t-il que la transition énergétique pourrait être une démarche contre-productive ' Cette étude est formelle. Elle s'est intéressée aux voitures mises en circulation au Japon entre 1990 et 2016. "Si les voitures actuelles restaient 10% plus longtemps en service avant d'être mises à la casse, leur empreinte CO2 serait diminuée de 30,7 millions de tonnes, car même si elles continuent à produire des émissions en circulant, elles resteront toujours moins polluantes que la production en masse de voitures neuves", dit ce document.
Bien mieux, souligne Shigemi Kagawa, professeur à l'université de Kyushu, "cela signifie que nous pouvons réduire nos émissions de CO2 juste en conservant nos voitures plus longtemps", ajoutant que "si la voiture est relativement récente et dispose d'un bon rendement énergétique, l'effet est encore plus important. La prochaine fois que vous penserez à acheter une voiture neuve, essayez de vous demander si votre voiture actuelle ne pourrait pas rouler encore quelque temps".
Ces chercheurs ne vont pas vite en besogne. D'ailleurs, ils remettent en cause les incitations gouvernementales à mettre à la casse des voitures à essence en état de marche. "En plus d'être un gouffre pour le budget de l'Etat, les mesures comme la prime à la conversion seraient tout simplement contreproductives, en entraînant une augmentation de plus de 42 millions de tonnes de l'empreinte carbone du secteur automobile. Ainsi, détruire un véhicule existant pour en fabriquer un nouveau irait à l'encontre de toute démarche écologique, aussi louable soit-elle", conclut l'étude japonaise.

F. B.


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