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Des chercheurs évoquent la corruption politique Colloque national sur les mécanismes de lutte contre la corruption



Des chercheurs évoquent la corruption politique                                    Colloque national sur les mécanismes de lutte contre la corruption
Plus de 74 chercheurs de différentes universités, magistrats dont le président d'une chambre près la cour suprême, officiers de la police judiciaire de la GN, de la police, des douanes ont participé à cette rencontre. Le colonel Athmani Mohamed Tahar, commandant régional de la GN de Ouargla, a précisé dans l'allocution d'ouverture, que durant la dernière décennie, l'Algérie a engagé plusieurs réformes législatives. Il cite, entre autres, le jumelage des législations pénale et économique, la promulgation de textes de loi pour la lutte contre le trafic de drogue, le blanchiment d'argent, le financement du terrorisme et la corruption. Pendant ce temps, une cellule de traitement des renseignements a été créée pour mieux identifier et lutter le phénomène. L'officier supérieur cite l'étude de la Banque mondiale, sur le montant des pots-de-vin versés en 2011 qui s'élèverait ainsi à 1.000 milliards de dollars, ce qui représente 9% du commerce mondial, alors que ce taux n'était que de 3% en 2002. Regrettant ces faits, il souligne que « c'est une question de morale, d'éthique et d'intégrité ». « Ce n'est pas un phénomène interne, ce fléau ne concerne pas un pays en particulier. Tous les pays y sont touchés », a-t-il ajouté. Le professeur Belkacem Slatnia, recteur de l'université de Biskra, a souligné pour sa part, que cette réunion mettra en lumière le phénomène de la corruption, ses diverses formes, son ampleur dans les pays en voie de développement, dans les pays avancés ou dans les entreprises publiques et privées « par des analyses profondes ». La rencontre tentera notamment de définir le fléau, d'en analyser les causes, d'en cerner les retombées et de proposer des mécanismes pour y faire face. L'intérêt des universitaires pour ce « fléau » provient du fait qu'il constitue un « crime qui freine le développement, empêche la bonne gouvernance et menace la cohésion sociale », a ajouté le conférencier. Constatant que la corruption s'est transformée en « phénomène transnational », le professeur Ferhati, président du conseil scientifique de la faculté de droit de l'université de Ouargla, a souligné « l'urgence d'une stratégie globale pour affronter ce fléau, avec la contribution de la société civile, des milieux académiques et des médias ».
UNE MOYENNE DE 1.000 DOSSIERS DE CORRUPTION TRAITES PAR AN
D'autre part, le lieutenant-colonel Drarja Mohamed Salah, chef de bureau de la division de la police judiciaire de la GN, a présenté une analyse criminologique sur la notion de corruption entre l'intolérance pénale et la transigeance sociale afin de définir le phénomène. L'objet d'étude « corruption » est flou, peu abordé par les chercheurs, explique-t-il. Il définit la corruption comme détournement d'un pouvoir au bénéfice d'un tiers. « Pour certains, c'est un comportement qui s'écarte des devoirs normalement assignés à un agent public pour des raisons privées ou pour améliorer ses revenus ou un statut social ». L'officier évoque que la GN a engagé depuis l'année 2006, une action visant à renforcer son potentiel de lutte contre la corruption par la formation adaptée du personnel enquêteur spécialisé. L'action a été accompagnée sur le plan organisationnel par la création d'un service central des investigations criminelles qui est doté d'un bureau spécialisé dans la lutte contre la criminalité économique et financière. Au niveau des unités territoriales, des groupes spécialisés en la matière ont été intégrés au sein des sections de recherches considérés comme étant des unités hautement spécialisées en matière de police judiciaire. Ce dispositif a permis durant les années 2009, 2010 et 2011 de traiter 180 affaires relatives à la corruption sous toutes ses formes et l'arrestation de 415 personnes impliquées. La corruption n'est pas un fait social nouveau, elle a toujours accompagné notre système social, explique l'officier. « Les chiffres disent qu'elle est de plus en plus détectée et réprimée et non de plus en plus fréquente ».
LA CORRUPTION POLITIQUE DEFORME LA REPRESENTATIVITE PARLEMENTAIRE
Docteur Akila Kharbachi, maître assistante à la faculté de droit de Msila, évoque dans sa communication l'impact de la corruption politique sur la représentativité parlementaire. Elle souligne que celle-ci « déforme la représentativité parlementaire et réduit la confiance des citoyens en les opérations électorales ». Par conséquent, elle affecte les valeurs démocratiques de la société et nuit à la crédibilité de l'action politique : campagnes électorales coûteuses dont les dépenses dépassent les sources de financement politique habituelles et l'absence d'un contrôle suffisant à même de réduire la corruption ou les « souscriptions » aux campagnes électorales, en sus de la dégradation de l'échelle des valeurs. La conférencière n'a pas mâché ses mots : les législatives se transforment en une bourse parallèle devant la candidature de la majorité des personnes qui jouissent d'une puissance financière. « Ils ne sont pas intéressés par les postes au niveau des deux chambres du Parlement, mais par l'immunité parlementaire et le trafic d'influence que leur offre cette opportunité de se placer aux centres des décisions ». Autrement dit, « pour briguer un mandat de député ou de sénateur, il n'est plus question de séduire les Algériens avec des idées et un projet de société. Il suffit juste de dépenser des dizaines de millions de dinars pour s'offrir une place au soleil au détriment de l'éthique et de la déontologie politiques ». Docteur Kherbachi revient sur l'enrichissement illicite, édicté par la loi 02 /12 qui, malheureusement, est contournée, perturbant à l'occasion le bon déroulement du mandat législatif par l'absentéisme. En ce sens, elle rappellera le manquement à la discipline partisane et le comportement irresponsable vis-à-vis de leurs électeurs.
A retenir
Pas moins de 24 cas de figure liés à la corruption font l'objet de poursuites pénales sévères allant de 6 mois à 20 ans de prison ferme et de 50 000 à un million de dinars d'amende.


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