Des chantiers, des réformes et des objectifs en attente

L'Algérie s'est targuée de n'avoir pas été touchée par la vague des «printemps arabes», parce qu'elle avait fait sa révolution bien avant et a su en tirer les leçons pour mener les changements nécessaires sur tous les fronts, et tous les plans. De gros chantiers et des programmes de réalisations ont en effet été lancés dans tous les secteurs d'activités et toutes les institutions. On a ainsi eu un boom dans le secteur de l'habitat. L'Etat a aussi engagé des réformes dans les secteurs de la justice, la santé, l'agriculture, l'industrie... comme il a mis en ?uvre des politiques pour l'emploi, la consommation des ménages, l'organisation sociale, l'eau, l'environnement, l'éducation... Certains chantiers ont bien avancé et enregistrent des résultats encourageants, d'autres moins, mais il s'en trouve qui font encore du surplace. Dans le secteur de l'habitat, les chantiers de réalisations se multiplient, sous différentes formules, au point où on parle de la fin de la crise de logement dans les années à venir. Mais il y a encore à faire en termes de qualité. Le ministre, le Premier ministre, comme le Président lui-même, n'ont cessé de répéter que l'objectif n'est pas de construire des logements seulement, mais des habitats, qu'il n'est pas question de construire des cités mais des ensembles immobiliers avec toutes les infrastructures d'accompagnement.Le défi est donc de maintenir la cadence de réalisation, tout en mettant l'accent sur la qualité du logement. Parallèlement, il faudra repenser l'aménagement du territoire et l'occupation des sols dans l'optique de réduire les déséquilibres régionaux qui induisent les mouvements de populations et/ou les manifestations de colère.Les mêmes challenges se posent pour l'emploi qui nécessite une politique où la lutte contre le chômage n'est qu'un chapitre et non la politique, la santé où malgré toutes les améliorations, le malade n'est toujours pas à l'abri de manques, la justice dont la réforme devra être perçue par la société dans son vécu quotidien, l'éducation qui doit sortir du creux de la vague où on la maintient, l'agriculture qui doit atteindre les niveaux de performance pour assurer la sécurité alimentaire. Les enjeux s'expriment aussi en termes de préservation de l'environnement et développement durable, promotion de la gouvernance participative et la croissance inclusive, socialisation de la culture, préservation des référents et des repères culturels et civilisationnels. Et comme il ne peut y avoir de développement, quel que soit le secteur, sans connaissance, savoir et compétences, il est primordial d'accorder à la recherche scientifique, et aux chercheurs, dans tous les domaines, le plus grand intérêt, le meilleur des environnements et les moyens adéquats pour qu'ils puissent optimiser leurs rendements.Ces quelques pistes sont assurément visualisées par les responsables de l'Etat qui les ont ouvertes. Dès lors, il apparaît que l'action à mener devra se porter sur leur débroussaillement pour écarter toutes les embûches, épineux et souches qui les obstruent en aval. Il est connu que les réformes pensées, élaborées et décidées en haut, accusent des déperditions dans leurs applications quand elles arrivent en bas. Le hiatus entre les différents niveaux de l'échelle hiérarchique est sans doute l'un des gros problèmes de la gestion du pays. Combien de belles résolutions, recommandations, voire instructions ou décrets, sont passés à la trappe par le petit responsable en bas qui refuse de les appliquer ' Combien de décisions sont prises en haut par méconnaissance des réalités du terrain -et qui seront donc inopérantes, inefficaces et inapplicables- parce que le petit cadre en bas n'arrive pas à se faire entendre par les responsables et les décideurs qui les prennent ou lui demandent d'appliquer ' C'est ce feed-back entre sommet et base qu'il faut rétablir, en travaillant à lever tous les verrous, barrages, freins qui peuvent réduire à néant le projet le plus prometteur : la construction d'un pays moderne et tourné vers l'avenir, avec les moyens de prendre en charge son devenir.H. G.