Algérie

Des certificats de' «prestige»



Des certificats de' «prestige»
Dérapage - L'enseignement des langues étrangères est, malheureusement, devenu du simple business. Certificats et diplômes sont offerts en contrepartie d'argent, notamment dans certaines écoles privées.
Bien maîtriser des langues étrangères ne constitue pas le seul objectif des centaines de milliers de personnes inscrites dans des instituts ou écoles privées. Pour certains, il suffit d'avoir un certificat attestant d'avoir effectué des formations en la matière pour bénéficier de promotions professionnelles. Et la compétence ne semble plus représenter grand-chose pour cette catégorie de citoyens, dont le seul souci est d'arriver à «tout prix» à impressionner des responsables, le plus souvent incompétents en la matière, avec des diplômes et attestations afin de gravir rapidement les échelons. Des enseignants exerçant au niveau des écoles privées spécialisées témoignent de cette réalité amère où même le savoir est devenu une marchandise qui se vend sans aucun scrupule.
«La plupart des personnes inscrites pour des cours d'anglais ne se présentent même pas à l'école et à la fin de la session de formation, ils exigent des attestations de succès. Ils obtiennent le plus souvent ce qu'ils désirent en promettant de s'inscrire pour une autre session. Et le responsable de l'école gagne encore de l'argent», raconte, amer, Mourad, enseignant d'anglais dans une école privée à Alger.
Le formateur ne peut, dans ce cas, que se plier aux ordres du responsable de l'école, car il s'agit, comme le dit bien notre interlocuteur, de son «gagne-pain». «La plupart des enseignants dans ces écoles privées sont ou des diplômés universitaires au chômage et payés à l'heure, ou des enseignants confirmés qui veulent arrondir leurs fins de mois. De ce fait, ils essayent de garder leur poste en dépit de toutes les pressions», explique-t-il. Des pratiques malveillantes aux conséquences désastreuses aussi bien sur le plan personnel que professionnel. Combien sont-ils ces responsables au niveau des administrations publiques ne maîtrisant aucune langue étrangère, mais dont un «paquet» de certificats et de diplômes figure sur leur CV ' «Ces jeunes n'ont jamais voulu apprendre et même lorsqu'ils viennent assister au cours, ils se montrent complètement désintéressés. Certains ont même l'audace de dire qu'ils sont là juste pour un papier !», déplore une enseignante au Centre d'enseignement intensif des langues étrangères (Ceil), dépendant de l'université d'Alger. Voir un sous-directeur ou un directeur solliciter une tierce personne pour rédiger une lettre ou préparer un discours n'est, donc, plus un phénomène étrange. Pourtant, les administrations et institutions publiques dépensent de grosses sommes pour la formation du personnel en la matière.
Cette lacune est également constatée dans le métier de secrétariat. Des jeunes filles n'ayant pas réussi à obtenir le baccalauréat font de courtes formations en informatique et de langue française pour espérer décrocher un poste de secrétaire. Des employées qui ne peuvent, bien évidemment, avoir le rendement escompté. Et cela se répercute sur une médiocrité du service. C'est dire qu'un «papier» ne peut nullement être synonyme d'une maîtrise d'une langue.


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