Algérie

Des centaines de travailleurs et travailleuses de Rouiba-Réghaïa demandent à Sidi Saïd de dégager



«Rendez le cachet de Aïssat Idir aux vrais syndicalistes !» La rue parallèle au boulevard Amirouche où est située l'Union locale (UL-UGTA) de Rouiba était exiguë pour contenir la foule de travailleurs et de travailleuses venus des entreprises publiques des zones industrielles Rouiba-Réghaïa (est d'Alger) faire cette réclamation.Ni la chaleur, ni le jeûne ni la soif n'ont empêché des centaines de manifestants de dépenser de l'énergie pour crier leur ras-le-bol et dire ce qu'ils pensaient de Sidi Saïd, l'actuel SG de l'Ugta et du secrétariat national de ce syndicat dont la moyenne d'âge de sa composante est de 72 ans et demi.
«Nous sommes venus pour soutenir le nouveau comité de sauvegarde de notre syndicat et pour dire à Sidhoum Saïd et sa clique qu'ils sont disqualifiés pour organiser un congrès. Qu'ils sachent qu'ils ne nous représentent plus. Donc, leur congrès ne sera qu'une cascade et une fraude honteuse», diront des travailleurs du Groupe Snvi.
Les contestataires répondent à l'appel du Comité national de réappropriation de l'Ugta par les travailleurs (CNRUT). «C'est la continuité des actions réussies au mois d'avril et le 1er mai» Nous explique Bouderba, l'un des animateurs du mouvement de réappropriation du syndicat historique. «Aujourd'hui, les travailleurs de Béjaïa et Tizi-Ouzou sont en grève. Par ailleurs, des rassemblements similaires sont organisés à Saïda et Tlemcen», a affirmé Bouderba.
Sous la chaleur moite qui régnait hier à Rouiba, les anti-Sidi Saïd ont notamment scandé : «Rendez le cachet de Aïssat Idir aux vrais syndicalistes !» «Libérez l'Ugta !» «Siyassa ouadha ou doula khaïna ! (la politique est claire, le gouvernement est traître)» «Baâtou syndicat yaserrakine ! (Vous avez vendu le syndicat voleurs)», «Dégage ! Dégage ya Sidhoum ! »
Les manifestants demandent, par ailleurs, à la justice d'intervenir, après le congrès authentique pour enquêter sur la gestion du syndicat. Même les slogans de la révolution du 22 février ont été repris par la foule. Intervenant devant la foule acquise, Messaoudi, farouche opposant de la politique de compromission de Sidi Saïd, n'a pas caché son ressentiment contre son chef.
Dénonçant la décadence de cette organisation, créée pour défendre les droits des travailleurs, Messaoudi lance contre Sidi Saïd. «C'est honteux ! Se réunir à la maison du peuple pour étudier le plan de cession des entreprises publiques aux patrons véreux. C'est inimaginable. Ils ont essayé de casser la Snvi, Infrafer et d'autres entreprises avec la complicité de l'Ugta. Nous nous sommes opposés avec d'autres camarades depuis 2015 à cette politique du bradage par le biais de partenariat public, privé.
Certains syndicalistes ont été marginalisés.» C'est à ce moment que la foule intervient. «Nous voulons la suppression de l'IRG !» «Vous avez raison. Un travailleur algérien paye plus d'impôts qu'un milliardaire qui importe la banane», rétorque l'orateur. Il a notamment abordé quelques problèmes sociaux que subit la classe ouvrière du pays.
A l'issue de cette protestation, les présents ont applaudi la déclaration laquelle fait, d'une part, le bilan de ce mouvement de réappropriation de l'Ugta et d'autre part lance un appel à une large adhésion des travailleurs à leur démarche pour «arracher leur organisation des mains d'une bande», ils écrivent dans cette déclaration approuvée par acclamation.
«Nous tenons à dénoncer la mascarade du congrès préfabriqué et anti-statutaire programmé par la Centrale les 20 et 21 juin 2019 ainsi que les mesures de suspension arbitraires et anti-statutaires prises à l'encontre des membres de la CN (Commission nationale ndlr) à la ligne anti-travailleurs de la Centrale Ugta.»
Ils soutiennent en outre le CNRUT (Comité national de réappropriation de l'Ugta par les travailleurs) «seul habilité à parler en notre nom et préparer le congrès extraordinaire avant la fin de l'année.»
Abachi L.


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