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Des centaines de pauvres abandonnés à leur triste sort



Des centaines de pauvres abandonnés à leur triste sort
Quand bien même la raison de la fermeture est justifiée, on aurait pu au moins trouver une solution à cette situation qui pénalise une frange de la société et remplir les petites assiettes des pauvres.L'insécurité à Ghardaïa : un drame pour tous, pour les pauvres en particulier. Mais qu'est-ce qui aurait empêché l'apport d'une autre équipe de bénévoles disponibles, ou carrément de s'en remettre aux restaurants privés par un contrat en bonne et due forme ' Cette décision extrême de garder porte close est difficile à accepter. Pour s'en convaincre, il n'y a qu'à se déplacer au CRA pour constater de visu cette insupportable image de centaines de personnes de tous âges, femmes, hommes et enfants.Des Algériens dont une majorité de Touareg en piteux état, des Subsahariens et même quelques Syriens dont une jeune femme avec une fillette agrippée à ses guêtres, tous agglutinés aux larges portes en fer forgé du restaurant du Croissant-Rouge algérien de Ghardaïa, espérant jusqu'à la dernière seconde avant l'appel du muezzin de se voir offrir de quoi rompre le jeûne.Misère au mois de la miséricordeMisère et désespoir, au propre et au figuré, étalés au grand jour, et ce, à quelques mètres du siège de la wilaya de Ghardaïa, de la direction de l'action sociale et de la daïra de Ghardaïa. Qu'on ne dise pas qu'on n'a rien vu, rien entendu. C'est absolument scandaleux d'abandonner des êtres humains à ce triste sort, a fortiori en plein mois de carême, après 16 heures de jeûne et par une température dépassant parfois les 50°C, alors que des responsables à la forme bedonnante (d'ailleurs en quoi le sont-ils ') passent et les frôlent dans des grosses cylindrées obtenues aux frais du contribuable, emplies de fruits et de friandises achetées au dernier moment, faisant mine de ne pas comprendre les raisons de ce rassemblement d'êtres humains, pour ne pas dire de loques humaines, au bord de la rupture. Et dire qu'on est en plein mois de piété, du partage et de la solidarité.C'est à la limite de la non-assistance à personnes en danger, danger de mourir de faim dans un pays riche dont les caisses débordent d'argent, danger de vivre indigne dans un pays dont l'appel du 1er Novembre 54 martelait le droit du peuple à vivre digne dans un pays juste à égalité des droits et des chances, danger de perte de nos valeurs ancestrales dont le socle fondamental a de tout temps été l'entraide et la solidarité. Que d'êtres humains il y a dont la vie n'a pas, et loin s'en faut, été tendre ! On les a abandonnés sur un landau de macadam, où seuls ceux dont les yeux pouvaient encore produire quelques larmes se sont fondus en pleurs. Puis tels des vaisseaux emportés par les flots de la bêtise humaine, ils ont repris leur chemin dans un silence à vous briser le c?ur, dignes et fiers dans la douleur et leur misère qu'ils traîneront encore tant que des hommes oublient que d'autres sont dans le besoin.Budgets conséquents contre insécuritéEt dire que l'on a annoncé à cor et à cri sur les ondes de la Radio nationale et dans la presse écrite, que dans le cadre de la solidarité (couffin du Ramadhan) et des restos Rahma toutes les wilayas avaient consacré pour le mois de Ramadhan 2013 des budgets conséquents et que dans le cadre de ces actions de solidarité durant le mois sacré. Pour ce qui concerne la wilaya de Ghardaïa, il était prévu aussi l'ouverture, avec le concours du Croissant-Rouge algérien d'autres restaurants Rahma à travers certaines communes de la wilaya, au profit des passagers et des nécessiteux sur les grands axes routiers.Ils devaient être ouverts au chef-lieu de wilaya, Ghardaïa, ainsi qu'à Berriane, Guerrara, Hassi Lefhel et El Menéa. Mais, il faut bien l'avouer qu'en ce qui concerne le restaurant CRA de Ghardaïa, ce ne sont ni les moyens ni la volonté qui ont fait défaut mais bel et bien le facteur sécurité. En effet, la majorité des bénévoles qui ont l'habitude d'activer dans ce restaurant habitent dans des quartiers sensibles et ne peuvent de ce fait se déplacer sans risque ni même se permettre de laisser leur famille seule par ces temps d'agressions tous azimuts. Il faut rappeler que par le passé, ce restaurant du Croissant-Rouge algérien, le seul ouvert durant le mois de piété et de dévotion sur tout le tout le territoire de la commune de Ghardaïa, servait jusqu'à 600 repas/jour, c'était une véritable bouée de sauvetage pour les démunis et les gens de passage .- Ghardaïa, éternelle terre d'accueilSituée sur une grande artère, en plein centre de la ville et à quelques encablures du siège de la wilaya, l'imposante bâtisse se voyait les années passées, chaque soir, assaillie par des centaines de personnes qui y convergeaient en quête d'un repas chaud et consistant, servi pour les hommes, au premier étage dans une immense salle climatisée, où l'hygiène est irréprochable et l'accueil, le respect et la dignité de tout un chacun sont une espèce de leitmotiv, digne d'une chaleur familiale.Une autre salle, réservée uniquement aux femmes, est aménagée au rez-de-chaussée, où celles-ci sont prises en charge avec beaucoup de respect, de dignité et, surtout, de discrétion. Il est temps de trouver une solution de rechange pour rouvrir, au moins pour ce qui reste de ce mois de Ramadhan, ce seul lieu où tous les laissés-pour-compte de la société, que Ghardaïa, pour une raison ou une autre, a rassemblés, venaient trouver un peu de chaleur humaine aux odeurs d'une chorba, préparée et servie par des êtres au grand c?ur, complètement désintéressés. Ouvrez grandes les portes, ouvrez vos c?urs, servez les pauvres.C'est votre devoir et c'est même une urgence ?. Aidez votre prochain? «Où sont passés les habituels restaurants ouverts par les bienfaiteurs aux pauvres ' » se lamente un SDF à l'accent de l'est du pays, «installé» depuis des lustres dans cette vallée qui a toujours été un refuge pour les pauvres, les fous et les déracinés de toutes parts.




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