Algérie

Des centaines d??hectares d?arboriculture abandonnées



Le cri du c?ur d?un industriel Mohamed Drioueche ne se doutait nullement de la catastrophe qu?il allait subir, lorsqu?en 1996, il décide de mettre plus d?une centaine de milliards dans son projet de mise en valeur de la steppe. Jeune industriel de la région de la Mitidja, il avait un grand espoir, comme d?ailleurs les 400 autres investisseurs qui ont tenté l?aventure dans la région de Djelfa, de relever un défi.  Comment en êtes-vous arrivé là ?  En 1996, lorsque l?Etat a encouragé les investisseurs pour mettre en valeur la steppe, j?étais comme une bonne partie des industriels un importateur. Je gagnais pour ne pas vous cacher jusqu?à 1 million de dinars par jour. Puis, je me suis lancé dans le conditionnement du fromage Tammy. L?affaire marchait très bien, mais je voulais lancer une activité rentable pour le pays. L?arboriculture était pour moi le meilleur créneau. J?ai mis tous mes fonds dans le projet et quatre ans plus tard, les premiers fruits commençaient à mûrir. Cette période, 2000-2001, a coïncidé avec la levée de la protection de la production nationale. Le marché a été inondé par des fruits importés d?Argentine et du Chili, dont la récolte intervient en février, au même moment que la nôtre.  N?y a-t-il pas moyen de jouer sur le prix pour pousser le consommateur à privilégier la production locale ?  La concurrence est très rude. Nous sommes à nos premières récoltes et les fruits importés sont déclassés et donc à des prix symboliques. Comment expliquez-vous que la banane qui coûte en Europe entre 1,5 et 2 euros, puisse-t-elle se vendre en Algérie à 50 centimes d?euros (50 DA) ? Nous sommes les plus grands consommateurs de bananes, non pas parce que l?Algérien est friand de ce fruit, mais parce que la banane importée n?est pas soumise à un contrôle. Les importateurs achètent à des prix symboliques et trouvent le moyen de ne déclarerqu?une partie de leur marchandise qui est déclassée, et reste interdite en Europe et aux USA. Cette situation nous a porté préjudice et a poussé la grande majorité des producteurs à abandonner leurs activités pour retourner à l?importation. Sur les 400 arboriculteurs que nous étions en 1996-1997, nous ne sommes plus aujourd?hui qu?une dizaine à vouloir nous accrocher coûte que coûte.  Mais l?Algérie a signé un accord d?association avec l?Europe et s?apprête à adhérer à l?OMC, ce qui la met dans l?obligation d?ouvrir son marché. Comment peut-elle régler cette situation selon vous ?  Nous sommes les seuls à avoir signé sans s?assurer d?un minimum de protection de la production locale. La Tunisie et le Maroc n?ont pas ce problème parce que tout simplement, il y a une période où l?importation des fruits et légumes est soumise à des restrictions draconiennes. C?est la période de la récolte. En Europe, les normes exigées pour l?importation sont très rigoureuses au point où rares sont ceux qui tentent l?aventure. Pourquoi ne pas limiter l?arrivée sur le marché des fruits au moment de la production, pour donner le temps à ceux qui ont investi dans le secteur de l?agriculture d?assurer leur place. Nous sommes capables de relever le défi de la concurrence, pour peu que les autorités nous donnent le temps de récolter ce que nous avons planté. Les arbres ne donnent pas leurs fruits du jour au lendemain. Il faut au moins quatre à cinq ans. Nous avons fait part de cette situation au ministre de l?Agriculture, mais aucune réponse ne nous a été donnée. Nous aurions voulu consacrer notre production à l?exportation, mais on nous exige un registre du commerce. Nous ne sommes pas des commerçants, mais des fellahs. Nous sommes ballottés entre les deux départements. Nous ne demandons pas d?argent, mais que notre activité ne meurt pas. Aujourd?hui, entre 15 000 et 20 000 ouvriers qui travaillaient dans la région de Djelfa sont réduits au chômage. Nous sommes convaincus qu?il y a un clan dans le système qui refuse tout investissement à long terme et préfère encourager les importations. La facture d?importation de poudre de lait atteint les 800 millions de dollars par an. Les importateurs ont bénéficié de facilités incroyables, qui vont d?un taux de 3% de droits et taxes, aux crédits avec facilité de paiement et une franchise fiscale de 5 ans. Pourtant, ont-ils pensé à ramener des vaches laitières pour faire dans la production ? Non. Il a suffi que le prix de la poudre de lait augmente sur le marché international et c?est la panique. Du coup, les prix ont flambé. S?il y avait une production locale, l?Algérie n?aurait pas été touchée. Nous ne demandons pas d?argent, mais juste que l?argent que nous avons investi soit protégé.


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