Des «bourgeons» racontent la beauté et l'espoir

Une exposition chargée de couleurs, de messages et d'émotions. Avec trois tableaux chacun, de jeunes artistes ont bien réussi le défi de susciter l'intérêt du public.Donner la main aux bourgeons, pour qu'ils puissent réussir», tel est le maître-mot de Nour Cheraz. Enseignante de dessin et encadreur de jeunes artistes, elle n'hésite pas à faire des pieds et des mains pour montrer le bon chemin à des talents en herbe. Elle était d'ailleurs aux petits soins à l'exposition collective d'art plastique organisée, depuis la semaine dernière, par l'Etablissement Art et culture, à la galerie Bachir Mentouri d'Alger-Centre.Une exposition chargée de couleurs, de messages et d'émotions. Avec trois tableaux chacun, de jeunes artistes ont bien réussi le défi de susciter l'intérêt du public. En fait, le visiteur aura droit à une «palette variée allant de la photo, au dessin et à la peinture. On y trouve aussi du classique et du contemporain. La vingtaine à peine entamée, Achir Daouya Feriel, photographe, encore étudiante, fait preuve de beaucoup de discernement dans ses prises de vue saisissantes, mais sombres et énigmatiques. Sous des titres concis : «Lueur d'espoir, sous mon ombre ou encore? sans titre», elle résume un monde, celui d'une artiste qui voit grand, depuis sa propre chambre aménagée en studio.«Je veux participer à la vulgarisation de la photo et son acceptation dans la société, loin de la méfiance ambiante et des stéréotypes», espère-t-elle, timidement. L'autre artiste qui ne laisse pas indifférent est Mila G. «Je suis mère de famille, active, mais je trouve toujours du temps pour ma passion», tranche-t-elle. Elle conçoit ses dessins à partir d'idées et de réflexions sur le temps qui passe. Philosophique dans son approche, elle traite le caractère humain, la vie de chaque jour et l'aspiration de parvenir à l'idéal d'un vivre-ensemble.Dans son tableau «Public qui danse n'agresse pas», cette originaire d'Azeffoun tente via des couleurs vives et des croquis évocateurs insuffler un hymne de gaieté et d'apaisement dans le c?ur des gens. Dans «Toute forme s'incline» ou «Denia, on veut ou pas», elle plaide pour l'acceptation des règles de la nature et de faire preuve d'humilité pour vivre heureux.Une autre femme, qui marque par son engagement et son courage, n'est autre que Siham Aouati. Malgré son handicap physique elle est là, chaque jour. «Je ne suis pas autodidacte. J'ai fait plusieurs écoles et participé à de nombreuses expositions. Je me suis construite avec le temps», nous dira-t-elle, avec force. Ces tableaux, «nostalgiques», reflètent une «nature morte», dont elle s'est spécialisée.Des tableaux tellement bienfaits qu'ils sont inéluctablement accrocheurs. «Je sens que je me suis améliorée», admet-elle, souriante. «Je veux être une artiste connue et reconnue», ajoute cette artiste qui, malgré ses difficultés, tient à transmettre ses connaissances bénévolement. Elle est d'ailleurs membre de l'association Bahia d'Azur-Plage. Deux autres artistes Zmenzer Redouane et Djarmouni Mohamed ont pris part à cette exposition. Le premier propose des formes et des clichés inspirés par l'eau qui coule, attirant dans leur mouvement les regards curieux et contemplateur.Quand au second, il met son art au service du patrimoine, notamment La Casbah à laquelle il voue un amour sans fin. Ses dessins au crayon portent sur la vieille médina, ses murs, ses femmes avec leur mythique haïk. «Par mes tableaux, je tire la sonnette d'arme, sur la menace qui guette nos traditions, notre architecture ancestrale et notre mode de vie original», se désole-t-il. Bref, l'on ne risque pas d'entrer à cette exposition magique et en ressortir sans que l'on ne soit, foncièrement, interpellé.