Algérie

Des bons et des mauvais rôles


Tout le monde se lave les mains soigneusement de cette inquiétante propagation du Covid-19. Et, le coupable dans cette courbe qui s'affole de jour en jour est pointé de tous les doigts des spécialistes, en l'occurrence le relâchement observé chez des citoyens ne respectant pas les mesures-barrières. Quand la situation était relativement maîtrisée, durant plusieurs mois, devrait-on se rappeler, le discours était tout autre, on louait la gestion du gouvernement pour contenir l'expansion du coronavirus. L'approche algérienne en matière de lutte contre la crise sanitaire du coronavirus était saluée partout, on la qualifiait de scientifique et réaliste, s'appuyant sur des compétences nationales et s'inscrivant dans le cadre d'un plan national global ayant abouti à la création d'une Agence nationale dédiée à la sécurité sanitaire. Dans des moments où l'évolution de la maladie était maîtrisée, on parlait de « stratégie gagnante » menée par les pouvoirs publics.Dans ce même contexte, l'Organisation mondiale de la santé, présente sur place, s'est également ‘félicitée' des «mesures prises par le gouvernement algérien pour circonscrire l'épidémie à tous les niveaux», tout en rendant hommage aux responsables algériens du secteur de la santé qui «n'ont pas paniqué et ont pris toutes les mesures pragmatiques qui s'imposaient dès l'apparition des premiers cas de contamination». Bien sûr, on complétait dans ce sillage le tableau des félicitations avec le constat d'une adhésion collective des citoyens aux mesures prises par le gouvernement concernant le confinement. C'était quand tout allait pour le mieux, quand les derniers malades libéraient les lits des hôpitaux. C'était le temps où la victoire relative sur la propagation du coronavirus trouvait une ostensible paternité.
Maintenant, depuis quelques jours, le rebond des cas de Covid-19 qui a atteint des records jamais égalés (867 nouveaux cas confirmés de coronavirus, 402 guérisons et 14 décès ont été enregistrés durant les dernières 24 heures, selon un bilan communiqué vendredi 13 novembre) ne trouve qu'un seul coupable, le «relâchement de la population». Personne ne chercherait à assumer la responsabilité de l'échec, ou comme le disait si bien John Fitzgerald Kennedy ‘'la victoire a cent pères, mais la défaite est orpheline'' ! Il n'est pas tout a fait faux de dire que les regroupements de toutes natures et la non-observance des protocoles sanitaires dans différents lieux ont été les principaux facteurs qui ont provoqué la résurgence de cas de clusters et favorisé la propagation rapide du virus, mais il faudrait également situer la responsabilité d'autres parties directement en charge de la gestion de la crise sanitaire. Ne devrait-on pas se partager les bons et les mauvais rôles dans cette lutte contre la propagation du Covid-19 '
Le Professeur Kamel Djenouhat, chef de service à l'Etablissement public hospitalier (EPH) de Rouiba, répond par l'affirmative à la question, déplorant le 10 novembre dernier la «défaillance» de la stratégie de communication du Comité scientifique de suivi de l'évolution de la pandémie du coronavirus qui a mis les citoyens en confiance en les rassurant quant à la baisse du nombre des cas de contamination, ce qui explique en grande partie le relâchement collectif en matière de respect des mesures préventives, a-t-il considéré. Non sans regretter l'absence de fermeté et de mesures coercitives comme c'était le cas au début de l'apparition de cette pandémie. Et, nous ne sommes pas encore arrivés à l'exploitation politicienne de l'échec en matière de gestion de la crise sanitaire. Il est encore temps que chacun reconnaisse ses erreurs avant d'atteindre l'incontrôlable.
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