Des automobilistes agressés Attention, routes coupe-gorge !

C'est une évidence maintes fois ressassée : la violence urbaineenregistre une hausse drastique pendant le mois de Ramadhan et les agressions,sous toutes leurs formes, se multiplient dangereusement pour souvent atteindredes chiffres effarants. Ce qui l'est moins en revanche, et dont on ne parle que très rarement,est ce phénomène d'agression avec vol de voiture qui est apparu ces dernièresannées, notamment à la faveur de la naissance des nouvelles routes et voiescarrossables qui n'ont pas encore bénéficié de l'éclairage public. L'un des casles plus significatifs est, probablement, la très utile nouvelle rocade dont letronçon situé à la sortie de Canastel est toujours plongé dans le noir. Painbéni pour des agresseurs de tous bords qui n'hésitent pas à s'en prendre à desautomobilistes contraints de conduire lentement : «L'autre jour, un voisin quipassait à ce niveau-là de la rocade a été attaqué par des individus qui ont uséde grosses pierres, raconte un témoin. L'une d'elles a atteint le malheureux àla tête et, selon les membres de sa famille, il se trouve actuellement dans unétat comateux». Les agresseurs qui en voulaient à son véhicule avaient, dèsleur forfait accompli, laissé le conducteur gisant sur le sol, inconscient...Cette situation est très connue des chauffeurs de taxi dont beaucoup évitent decirculer seuls la nuit : «Il faut vraiment faire attention la nuit, prévientl'un d'eux, qui affirme exercer le métier depuis bientôt 20 ans. Il faut avoirun ami, redoubler de vigilance aux feux rouges ou aux stops, ne jamais laisserles vitres baissées et ne pas s'aventurer dans certains quartiers». Même silui-même affirme n'avoir jamais été agressé, il dit connaître beaucoup dechauffeurs de taxi qui ont été attaqués, délestés de leur argent et physiquementbattus : «Mais depuis quelques années, la mode est carrément au vol de lavoiture. Les agresseurs ne se contentent plus de la recette, ils visent rien demoins que le véhicule qu'ils vendent à des réseaux spécialisés». En aoûtdernier, la section syndicale locale des chauffeurs de taxis, affiliée àl'UGCAA, a organisé un point de presse pour dénoncer un certain nombre depoints liés à l'exercice de leur métier, dont l'insécurité à laquelle lamajorité des 4.000 adhérents sont confrontés. Etrangement cependant, personnene semble en mesure de donner une estimation, même approximative, du nombre deschauffeurs de taxi agressés cette année. Ce dont on est sûr cependant, est quependant le premier trimestre 2006, pas moins de douze chauffeurs de taxi avaientété violemment agressés et dépossédés de leurs voitures volées. «Des usagersembarquent, donnent une adresse et, une fois à l'abri des regards, ils sortentcouteaux et bombes lacrymogènes et s'emparent de la voiture. Si le chauffeur ade la chance, il s'en sort sans blessure mais dépouillé de ce qui constitue saseule source de revenus», racontait ainsi l'un des chauffeurs.  Depuis bientôt sept années, Oranse classe parmi les trois premières villes les plus touchées par unecriminalité dont la tendance est à la hausse, malgré les multiples campagnesd'interpellations lancées soit par la police ou par la gendarmerie. Selon unbilan établi par le service des urgences médicales du CHU d'Oran pour lapériode allant de janvier à juillet de cette année, 21 crimes ont déjà étécommis et une vingtaine de cas d'agressions sont enregistrés quotidiennement.Le bilan de la Gendarmerie nationale pour l'année 2006 fait état de 73 crimeset plus de 5.500 délits, soit une moyenne de 18 crimes et près de 1.300 délitscommis chaque mois. Quelque 2.000 personnes ont été arrêtées et 1.200 autresmises sous les verrous. Les analyses effectuées par les services de sécuritépour cette année-là ont établi que le seul premier trimestre 2006 avaitenregistré une hausse de la criminalité de droit commun de l'ordre 78,7% parrapport au premier trimestre de l'année d'avant. Les coups et blessuresvolontaires avaient dépassé la barre des 100% pour atteindre une hausse de139,9%, soit 3.286 cas, suivis des vols sous la menace d'arme blanche avec1.937 cas, soit 75,8%. Les crimes contre les personnes arrivaient, eux, en têteavec 4.253 affaires traitées et une augmentation de 114,6% par rapport à lamême période de l'année 2005.