Des artisans autoproclamés

Le monoxyde de carbone continue de faire des ravages en prenant la dramatique habitude d'emporter régulièrement des familles entières. Pourtant, les campagnes de sensibilisation se poursuivent et se multiplient jusqu'à ce que ce véritable fléau soit inscrit dans le menu des premières préoccupations de l'Etat. Mais rien n'y fait, le problème reste entier. On a mis naturellement l'index sur la mauvaise qualité des appareils de chauffage et sur leur non-conformité. Bien que les mises en garde soient justifiées, il est une constante dont on ne souligne pas l'importance qui a trait à une forme de nonchalance presque culturelle non encore bien identifiée reflétant à bien des égards un manque de savoir-vivre indéniable. L'urbanité a un prix et exige de se conformer à des règles obligatoires sans lesquelles il est difficile pour une population rassemblée sous le dictat des conjonctures historiques pénibles d'échapper au progrès factice.La non-maîtrise des nombreux outils utilisés dans les activités de tous les jours est si inquiétante qu'elle laisse déduire qu'une majorité d'habitants de plus en plus large est entraînée par l'absence de savoir-faire et de compétences pour perturber sa normale adaptation à la vie. Le problème posé par les appareils de chauffage n'est pas seul en cause dans les sérieuses contrariétés que rencontrent quotidiennement les Algériens car les déboires vécus, provoquant parfois la mort, touchent une longue liste d'activités.
Pour de nombreux d'entre eux, mécaniciens, électriciens, plombiers, chauffagistes, maçons, chauffeurs de taxis et autres, aujourd'hui à l'avant-garde du marché des services, se sont accaparé en bricoleurs d'importants métiers peu maîtrisés et sont de plus en plus décriés par les usagers. Il est coutumier de buter sur des artisans autoproclamés qui amplifient un dérèglement au lieu de le normaliser. L'ignorance tapie dans les rues ou au c?ur des familles finit par détruire ce que la vie doit avoir de bienséant.