Algérie

Des arguments et des arrière-pensées



Macron insiste beaucoup sur la réconciliation libyenneL'Algérie, la Tunisie et l'Egypte ont ainsi déployé des efforts considérables pour une solution politique inclusive qui sauvegarde la souveraineté et l'intégrité de la Libye tout en préservant la sécurité de leurs frontières communes avec ce pays maghrébin.
Malgré l'échec de la tentative du 25 juillet 2017, lorsqu'il avait reçu le Premier ministre Fayez al Serraj et le maréchal Haftar pour une improbable conciliation, déjà tentée par les Emirats arabes unis et par l'Egypte, le président français Emmanuel Macron reçoit demain l'ensemble des protagonistes de la crise libyenne dans le cadre d'une réunion internationale de trois heures qui vise à «créer les conditions» favorables à la solution politique tant attendue alors que le pays subit un marasme et une insécurité depuis 2011.
Il semble que l'objectif premier de cette initiative diplomatique inédite sera de baliser la voie à la tenue des élections législatives et présidentielle comme s'y est engagé dans la feuille de route soumise au Conseil de sécurité de l'ONU en décembre 2017 l'envoyé spécial Ghassan Salamé. Paris a toujours affirmé que le dossier libyen est une priorité de la diplomatie française et dès son arrivée à l'Elysée, le président Macron a jugé le statu quo «inacceptable» dans la mesure où le contexte libyen est ressenti comme «une menace systémique» pour les pays européens, en particulier ceux du Sud, ainsi que dans le Sahel et en Afrique du Nord. En filigrane de cette préoccupation légitime, l'afflux considérable de migrants et les menaces du terrorisme.
Principaux acteurs de la crise, le chef du gouvernement national Fayez al Serraj, issu de l'accord onusien de décembre 2015, à Skhirat (Maroc), et l'homme fort de la Cyrénaïque, le maréchal Khalifa Haftar, seront de nouveau présents, presque un an après la tentative avortée d'un Macron fraîchement élu. La donne a changé depuis et à leurs côtés, les deux hommes trouveront le président de la Chambre des représentants (le Parlement de Tobrouk dont Haftar est l'allié et le protecteur), Salah Aguila et Khaled al Mishri, président du Conseil d'Etat, instance consultative basée à Tripoli et donc proche d'al Serraj.
Le calcul du président français est simple. Avec cette réunion à laquelle sont également conviés le Groupe des pays voisins, l'Union africaine et bien sûr le médiateur de l'ONU, il s'agira, devant la communauté internationale prise à témoin, d'imposer aux représentants libyens le paraphe solennel de la feuille de route de Ghassan Salamé et donc l'engagement d'un appui total et inconditionnel au processus électoral qu'il compte organiser dans les tout prochains mois. Tel est le but fondamental de cette réunion qui accueillera, outre les personnes et les instances précitées, une vingtaine de pays dont les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU (Chine, Etats-Unis, France, Royaume-Uni et Russie), l'Italie, l'Allemagne, les Pays-Bas, l'Egypte, la Tunisie, l'Algérie, le Maroc, le Tchad, le Niger, les Emirats arabes unis, le Qatar, l'Arabie saoudite, le Koweït, la Turquie et Malte - ainsi que quatre organisations internationales (Union européenne, ONU, Union africaine et Ligue arabe).
La feuille de route validée par le Conseil, de sécurité comporte huit points au lieu des 13 initialement, et elle nécessite une garantie tangible aussi bien de l'organisation des élections que celle de leur sécurisation, compte tenu des menaces qu'agitent certaines milices et les combattants de Daesh. Les autres points de l'ordre du jour, comme par exemple l'unification de l'armée, ne vont pas se résoudre en un tour de main. De même, la grande question sera posée qui semble incontournable dès lors qu'il s'agit de la nouvelle Constitution, adoptée en juillet 2017 par une mini-assemblée constituante, convoquée à la hâte et avec maintes difficultés mais, à ce jour, exempte de l'indispensable validation par référendum. Raison pour laquelle une centaine de députés du Parlement de Tobrouk s'y étaient opposés, sachant qu'elle exclut de facto le maréchal Haftar, réfugié aux Etats-Unis pendant plus de 20 ans et donc inéligible. Se pose alors l'imbroglio d'une élection présidentielle qui aurait lieu avant la validation du texte fondamental censé définir les prérogatives du chef de l'Etat.
Or, le soutien de la France au maréchal Haftar est un secret de Polichinelle et c'est Emmabuel Macron qui insiste pour la tenue concomitante de la présidentielle et des législatives, quand les parties libyennes plaident majoritairement pour un report sine die de la première consultation. De là à justifier les critiques virulentes des milices de Misrata, farouches adversaires de l'homme fort de Benghazi, il n'y a qu'un pas. Et il n'y a pas que Misrata, les partenaires occidentaux autant que le Groupe des pays voisins et l'Union africaine s'irritent de l'activisme unilatéral du chef de l'Etat français, derrière le sourire diplomatique. A tort ou à raison, ils estiment que les faveurs du président français envers le maréchal Haftar peuvent s'avérer improductives, voire dommageables à court ou moyen terme, au risque de compromettre des efforts consentis depuis des mois, sinon des années.
L'Algérie, la Tunisie et l'Egypte ont ainsi déployé des efforts considérables pour une solution politique inclusive qui sauvegarde la souveraineté et l'intégrité de la Libye tout en préservant la sécurité de leurs frontières communes. Au-delà de la perplexité sous-jacente, leur présence visera surtout à conforter la feuille de route onusienne en privilégiant, dans un premier temps, le scrutin législatif et un soutien renforcé au Premier ministre Fayez al Serraj, confronté récemment à la fronde de Haythem Tajouri et Abdel Ghani Al-Kikli, chefs de deux des trois principales milices qui l'ont appuyé et protégé à Tripoli.
Le président Bouteflika désigne Ouyahia pour le représenter
Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika a désigné le Premier ministre, Ahmed Ouyahia pour le représenter à une conférence internationale sur la Libye qui aura lieu demain à Paris, à laquelle le chef de l'Etat a été invité par son homologue français, Emmanuel Macron, a indiqué hier un communiqué des services du Premier ministère. «SEM le président Abdelaziz Bouteflika a désigné le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, pour le représenter à une conférence internationale sur la Libye à laquelle le chef de l'Etat a été invité par son homologue français, Emmanuel Macron», a précisé la même source. La conférence internationale sur la Libye se déroulera avec la participation des principaux dirigeants libyens, des Nations unies et de nombreux pays invités, dont les voisins de la Libye, a ajouté la même source.


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