Les grèves paralysant divers secteurs d'activité, les appels à ne pas régler les factures d'électricité et autres moyens prétendument destinés à faire pression sur le pouvoir se succèdent depuis pratiquement la première semaine ayant suivi la marche désormais historique du 22 février.Il en a été ainsi, par exemple, en Kabylie où, plus que partout ailleurs à travers le pays, toute une semaine durant, une grève générale a paralysé notamment le chef-lieu de wilaya de Tizi-Ouzou. Un moyen éculé dont a souvent usé la population locale en «délicatesse» avec les autorités du pays depuis un temps que l'on se remémore plus, mais qui, au fil des années, ne recueille plus tellement l'adhésion. Une arme ? la grève générale ? sur laquelle insistent de multiples appels non identifiés à travers les réseaux sociaux et sur laquelle, d'ailleurs, se sont exprimées beaucoup de personnalités indépendantes, autant que de simples citoyens à travers les mêmes réseaux sociaux. Il en a été ainsi de Maître Bouchachi, lorsque l'appel avait été lancé vers la première décade de ce mois pour ce qui devait constituer la première grève générale, depuis le début du mouvement populaire, destinée à paralyser tout le pays. L'avocat et militant des droits de l'Homme estimait que le recours à l'arrêt de l'activité «ne servait pas les Algériens et pourrait même les diviser». Il est apparu alors que les citoyens peu enclins à observer ce moyen de protestation «dépassé» étaient au moins aussi nombreux que ses partisans, comme on pouvait s'en rendre compte aisément alors, comme c'est le cas également en ce moment si l'on en juge par les réponses aux appels lancés ces jours-ci sur les réseaux sociaux pour le mouvement de grève prévu à compter de ce mardi dans certains secteurs d'activité. C'est en tous les cas un débat sans fin qui est amorcé au sujet des grèves.
Que dire alors de cet appel à ne pas s'acquitter de la facture d'électricité ou encore du paiement des impôts ' Un acte qui est d'ailleurs exécuté dans certaines villes du pays depuis quelques jours au grand dam, pour ne pas dire crainte, de ces voix qui redoutent qu'un tel moyen de pression sur le pouvoir soit le prélude à cet extrême acte que constitue la désobéissance civile à laquelle entendent en arriver ces lanceurs d'appels anonymes sans mesurer ses conséquences, voire même sans savoir ce que cela signifie.
N'ayant donc pas conscience qu'il s'agit là d'actes de rébellion en totale contradiction avec le mouvement hautement pacifique né le 22 février et auquel, de toute évidence, tiennent les dizaines de milliers de manifestants qui battent le pavé à travers le pays quotidiennement et les millions qui le font depuis cinq vendredis. La désobéissance civile qui, depuis le début du mouvement donc, suscite à juste titre les plus sérieux avertissements de la part de spécialistes du droit dans toute son étendue, à l'instar de Me Nouredine Benissad, qui expliquait, il y a trois semaines, que la grève, déjà, pourrait susciter la panique chez le citoyen alors que pour l'appel extrême il estimait : «Je ne sais pas qui est derrière cet appel à la désobéissance civile, mais il faut être plus dans un processus d'apaisement, de non-violence afin de ne pas créer des situations de paniques» avant d'avertir : «Des forces peuvent pousser au pourrissement et justifier d'éventuelles mesures exceptionnelles», estimait-il en faisant allusion à l'état d'urgence ou l'état de siège. De quoi donner à réfléchir à ces millions d'Algériens qui insistent sur le caractère pacifique du mouvement de protestation.
Grève générale, désobéissance civile, et autre acte hautement irresponsable tel l'incitation à brûler les drapeaux de pays tiers, ne recueillent pas l'adhésion des protestataires, comme le montrent les avis et commentaires sur les réseaux sociaux, certes, mais tel que le démontrent les appels sans cesse réitérés, notamment depuis la marche de vendredi dernier, eu égard à une certaine impatience d'en finir qui a gagné quelques rangs chez les Algériens avides d'instaurer la IIème République, les aventuriers bien de chez nous, ceux qui veulent le pourrissement pour l'instauration de mesures exceptionnelles, ou ceux qui abreuvent l'opinion de directives pas très innocentes à partir de ces mêmes pays dont ils recommandent qu'on brûle les drapeaux, n'attendent qu'une seule chose : que le feu prenne.
Azedine Maktour
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Posté Le : 26/03/2019
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : A Maktour
Source : www.lesoirdalgerie.com