Emaar tire sa révérence et ferme son bureau à Alger. Il ne restera de son
passage que des plans de projets mirobolants avec des estimations en accordéon
allant de 28 à 5 milliards de dollars. Son départ était dans l'air depuis
plusieurs mois, le communiqué publié hier ne faisait qu'officialiser les
choses. Emaar n'a plus rien à faire en Algérie et ses projets à milliards
variables se sont avérés une chimère. Le groupe émirati a expliqué avoir fermé
son bureau d'Alger chargé de «superviser l'exécution de ses projets en
l'absence de développements pour leur réalisation». Le groupe émirati prend
soin de renvoyer indirectement la balle aux autorités algériennes en soulignant
que cette affaire «échappe à la volonté d'Emaar».
Selon le communiqué, Emaar dit avoir «préparé des plans pour de grands
projets immobiliers en Algérie et remis ces plans aux autorités compétentes
pour obtenir les autorisations nécessaires». Emaar souligne que l'Algérie est
un «marché prometteur» et qu'il est disposé à «y investir conformément à sa
stratégie à long terme». Que s'est-il donc passé depuis les annonces à
milliards et la signature du protocole d'accord en mars 2008 pour la
réalisation de trois grands projets dans les domaines de la santé et du
tourisme ? Tout d'abord l'ampleur des investissements à réaliser a
considérablement baissé, passant de près de 30 milliards à 5 milliards.
Blocage algérien ou effet de la crise ?
Si le communiqué d'Emaar laisse entendre qu'il y a eu des obstacles de la
part des autorités algériennes qui n'ont pas accordé les autorisations
nécessaires, il faut souligner que la crise financière a durement affecté le
groupe émirati et l'a contraint à réduire ses engagements internationaux. Quand
on mène ce genre de politique, ce sont les projets qui n'ont pas été entamés
qui passent à la trappe. Il est vrai aussi que les difficultés, très
algériennes, en matière de foncier auront également incité le promoteur émirati
à ne pas poursuivre. Il faut croire que même la bienveillance présumée du
président Bouteflika à l'égard du promoteur émirati n'aura pas suffi.
On connaît les projets présentés en 2006 par le président du groupe Emaar
au président de la République. Cinq grands projets avaient été évoqués dont
deux dans la baie d'Alger. Le chiffre initial de 28 milliards de dollars est
retombé à 20 milliards avant de «chuter» à 5 milliards de dollars. Emaar, qui a
créé une joint-venture avec l'Etat algérien à 50% chacun, a eu constamment une
stratégie de communication «sur le départ» afin de lever les difficultés dans
le dégagement des assiettes foncières. Tout pourtant n'est pas imputable aux
proverbiales lenteurs algériennes. Le groupe émirati semble avoir été dépassé
par ses multiples engagements internationaux. Il s'est mis à la faveur de la
crise à revoir ses priorités.
Quid d'EIIC ?
A l'évidence, même s'il considère que l'Algérie est un «marché
prometteur», Emaar a choisi de ne plus aller plus loin afin de gérer des opérations
déjà entamées au Maroc et en Egypte. Il y a quelques semaines seulement, le
Premier ministre Ahmed Ouyahia a critiqué le «manque de sérieux» de nombreux
projets d'investissements arabes. Devant les sénateurs, il avait relevé que
nous «avons entendu plus de discours que de propositions concrètes». Le départ
d'Emaar va attirer l'attention sur le fonds d'investissements d'Abou Dhabi,
EIIC, qui selon certaines sources a déjà réduit ses effectifs en Algérie. EIIC
a également des projets dont le parc Dounya qui sont toujours dans les cartons
et n'ont pas connu un début d'exécution. En définitive, Dubaï Port World qui a
pris la gestion des terminaux du port d'Alger et de Djendjen est le seul
investissement effectif réalisé en partenariat.
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Posté Le : 05/07/2009
Posté par : sofiane
Ecrit par : M Saâdoune
Source : www.lequotidien-oran.com