Elle est bizarre cette sensation de tristesse qui semble gagner une majorité d'Algériennes et d'Algériens. Si l'on comprend aisément la tristesse de ceux et celles qui ont aimé Mohamed Boudiaf et lui rendent hommage chaque année, il est drôle de voir quasiment le même sentiment étreindre ses concitoyens à la veille de la célébration du cinquantenaire de l'indépendance.Pourtant, tout peut être fait pour que cette commémoration soit une fête pour 37 millions d'Algériens. Le chemin effectué, depuis l'indépendance à ce jour, est énorme à l'échelle de la Nation. Les bilans peuvent être facilement faits et le seront. Une exposition aura lieu au niveau du Palais des expositions des Pins maritimes à Alger, pour que tous les sceptiques se souviennent ou apprennent dans quel état de délabrement était l'Algérie, le 6 juillet 1962.L'esprit de la fête n'est pas là. Les commentateurs préfèrent parler de changement que d'alternance et oublient que Mohamed Boudiaf, ses amis et ses compagnons ont fait une révolution et non pas une guerre d'indépendance. Les Algériennes et les Algériens aiment la fête. Ce cinquantenaire est l'occasion propice pour réapprendre à s'amuser de manière collective et à oublier les affres de ces années de terrorisme qui n'en finissent pas.Donner les places publiques aux jeunes talents pour animer les rues algériennes ne doit pas être impossible. Laissez les talents s'exprimer ! Laissez la foule se défouler ! Il n'est point besoin de budget exceptionnel, juste des autorisations à obtenir et une organisation à mettre en place.Les colloques, rencontres et autres manifestations à caractère historique sont nécessaires et bien plus que cela. Mais, la jeunesse a besoin également de se sentir concernée par une date qui a sonné le glas de l'empire colonial français. Cette jeunesse avide de savoir mais aussi de joie de vivre a besoin d'exprimer son appartenance à la Nation à sa manière. Elle a besoin aussi de se sentir actrice des hauts, des bas et de moindres soubresauts qui agitent la patrie.«Faites l'amour pas la tête», serions nous tenter de dire en plagiant le slogan des pacifistes. Faire de la fête de l'Indépendance un événement destiné uniquement aux intellectuels ne saurait être une bonne chose. Il y a des lieux pour réfléchir, comme la Bibliothèque nationale, joyau postindépendance. Mais il y a aussi les places publiques des grandes villes qui peuvent avec un peu de volonté politique devenir des salles des fêtes pour la population.Les Algériennes et les Algériens ont souffert des affres du colonialisme pour les plus âgés et de ceux du terrorisme pour les plus jeunes. Que les places publiques algériennes deviennent, le temps d'une année, des lieux de rencontres, de sociabilité, d'amour et de fêtes. C'est ce dont on manque le plus !
A. E.
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Posté Le : 29/06/2012
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Amine Echikr
Source : www.latribune-online.com