Algérie

DES ANIMATEURS POUR L'INTERMEDE ELECTORAL



DES ANIMATEURS POUR L'INTERMEDE ELECTORAL
Ali Benflis a été, jusqu'à présent, très lisse dans ses déclarations alors que les conditions, totalement surréalistes, d'une reconduction du président en place se mettaient en place. Il vient de hausser le «ton» en dénonçant, sans les désigner nommément, des pratiques «basses, sordides et lâches» émanant de ceux qui veulent «détourner la voix du peuple». On peut y voir une volonté de passer à l'offensive après l'officialisation de la candidature de Bouteflika que certains de ses partisans, contre toute évidence, ont mise en doute. Même après «l'historique» annonce par procuration faite par Sellal à partir d'Oran.L'ancien Premier ministre et ancien secrétaire général du FLN, pour en avoir fait partie, n'ignore rien de ce que signifie la mise en place du «dispositif» du pouvoir à la veille des élections. Il n'ignore pas non plus - même s'il a affirmé le contraire quand il était aux affaires - qu'il n'existe pas de vraie scène politique. Et si on en doutait, M. Amar Saadani aura, pour des raisons pas vraiment nobles, définitivement édifié les naïfs sur la réalité du système. Mais l'ouverture de la voie au déballage des «affaires domestiques» du régime ne signifie pas pour autant «ouverture» du régime. L'activité «épistolaire» de Bouteflika avant l'annonce de sa candidature a, au contraire, indiqué clairement que les différents compartiments du régime ont conclu une «trêve électorale» en bonne et due forme. Et il est clair que Bouteflika n'a pas annoncé, implicitement, cette trêve pour faire le lièvre.Ceux qui ont décidé de se retirer après l'annonce de sa candidature ont tiré la conclusion que le régime a un candidat par défaut. Et qu'il n'offre pas - ou n'est pas en mesure d'en offrir - deux en laissant le soin à des électeurs de les départager. Du coup, l'élection leur apparaît, encore plus que les précédentes, comme totalement fermée. Le fait que le président en place soit candidat malgré son état de santé - et l'abattement que cela provoque au sein d'une partie de l'opinion - est un indicateur clinique de l'impasse du régime. Il n'est pas en mesure d'offrir une perspective, même mesurée, de renouvellement d'où le discours, aberrant, de la menace à la stabilité qui est vendu par les «animateurs». L'équipe de Benflis, qui n'est pas sortie du militantisme politique clandestin ou oppositionnel, ne l'ignore pas. Elle sait décoder, comme d'ailleurs les Algériens ont appris à le faire à la longue, les signaux du régime.Le «pari» sur lequel s'est fondée la candidature de Benflis - Bouteflika ne sera pas dans la course - s'avère perdu. Le fait qu'il soit candidat malgré un état de santé déclinant montre à quel point le système n'est même pas capable d'aller de Bouteflika… à Benflis. Même Benflis devient, dans le discours des «animateurs», une menace à la «stabilité». Cela fait rire, bien sûr, ceux qui observent qu'il mène une campagne très «disciplinée». Mais les «animateurs», il faut le dire, ont besoin de M. Ali Benflis dans la partie. Et son discours d'hier, même s'il a légèrement «durci», ils le prennent pour ce qu'il est : un gage qu'il restera dans la partie. Qu'il participera à «l'animation».




Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)