Algérie

Des anges et des démons



Des anges et des démons
L'exercice du pouvoir implique des responsabilités proportionnelles à la charge endossée. On ne peut imaginer un dirigeant qui serait absolument libre de disposer de ses semblables sans rendre de comptes à quiconque. En démocratie, où la séparation des pouvoirs est une réalité bien établie, une telle situation est tout simplement impossible. Même en cas de crise majeure, le potentat éventuel ne peut se soustraire à la sanction des urnes avant de répondre de ses faits et gestes devant des juridictions compétentes. En dictature, la tyrannie a aussi des limites. Le despote, qui franchirait certaines lignes, finit toujours sur l'échafaud. L'histoire humaine regorge d'épisodes de ce type où des satrapes sont déposés par leurs cercles les plus proches ou violemment renversés par des révolutions populaires. Les rois eux-mêmes s'exercent à bien calibrer leurs décisions pour être dans les bonnes grâces de leurs sujets. Dans le monde moderne, même un simple employé de bureau doit obéir à des règles de conduite très précises qui séparent son domaine d'intervention de celui de son supérieur hiérarchique. Un journaliste est tenu au respect scrupuleux d'un code d'éthique et de déontologie qui moralise sa profession. On pourrait dire autant de l'architecte, du médecin, de l'avocat ou du sportif de haut niveau. Un entrepreneur a également un cahier des charges à honorer. Pour ainsi dire, tout acteur socioéconomique, à quelque niveau que ce soit, agit dans un cadre bien déterminé et s'expose, en cas de dérive, à des sanctions disciplinaires pareillement définies. Dans le monde arabe, il y a pourtant une catégorie qui échappe à tout contrôle. Des hommes qui agissent comme bon leur semble sans avoir nullement à se justifier. Les muftis, ces prétendus docteurs de l'exégèse religieuse, évoluent toujours en dehors du temps et des lois. Visiblement, personne ne peut leur faire le moindre reproche. En Arabie saoudite, au Qatar, en Egypte, en Jordanie, au Liban, au Koweït, en Irak ou en Libye, des extrémistes wahhabites appellent quotidiennement au meurtre, au viol et la destruction. Depuis l'éclatement du dit «printemps arabe», ces faux ulémas salafistes, qui incarnent la frange la plus rétrograde du sunnisme, ne cessent de confondre leurs propres instincts criminels avec la volonté de Dieu tout puissant. Al Qaradaoui, le sulfureux prêcheur d'Al Djazira, rejoint par ses pairs parmi les Frères musulmans d'Al Azhar en Egypte et d'ailleurs, légalise ouvertement l'assassinat et le viol en Syrie, après avoir été l'un des promoteurs du fratricide libyen. Intervenant en prime-time sur les grands médias moyen-orientaux, ces dévots du diable incitent les musulmans à s'entretuer comme au Moyen-âge. Mohamed Al Arifi, un fondamentaliste saoudien réputé qui passe ses vacances à Londres, autorise, quant à lui, le viol de mineures de moins de 14 ans pour entretenir l'ardeur des djihadistes d'Al Nosra. Ces agitateurs profitent de toutes les tribunes pour déverser leur fiel. De passage à Alger où il était invité à un colloque sur Mahfoud Nahnah, un pseudo imam jordanien ne s'est pas gêné d'exhorter les jeunes algériens à faire la guerre à Damas.
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