Des ambitions coupables

En ouvrant les travaux d'une rencontre régionale des élus, le président du MSP, Bouguerra Soltani, a mis à l'épreuve ses capacités d'imaginer, de prévoir et de construire des modes d'action, aptes à réduire la portée significative des réformes politiques initiées par le président Abdelaziz Bouteflika. D'après lui, elles sont mal parties. Il a retrouvé ses accents d'ambitions coupables que l'on décelait déjà depuis qu'il a quitté les rangs de l'Alliance présidentielle. A l'occasion, il a stigmatisé les " méfaits " de ces réformes politiques et tout ce qui se rapporte aux conséquences positives de la démocratie. En effet, pour consolider un parti branlant, il est vrai que rien ne vaut le " ciment " d'idéologies que Soltani veut importer. Il n'empêche que pour tenter de l'audience de ces réformes, le chef du MSP est contraint d'adopter des thèses contraires. Car tout " voyage " à l'intérieur du périmètre de la démocratie est trop lourd de risques pour lui et ses alliés. A suivre son discours, il partage les déstabilisations qui ont été provoquées par la grâce d'intervention étrangère dans le monde arabe et aspire sans équivoque à les introduire en Algérie. Il semble bien établi que le MSP, version Soltani, a pour mission de " transporter " le printemps arabe vers l'Algérie. On ne peut que s'interroger sur les raisons qui ont conduit ce parti à accepter et à participer au processus de la reconstruction nationale et à la refondation politique du pays en s'installant au sein de l'Alliance présidentielle. On peut s'interroger aussi sur les raisons qui conduisent cet islamiste à faire obstacle à la mouvance réformiste entamée par le programme politique. La démocratie est désormais validée comme vecteur d'expression. Une expression contemporaine de portée nationale et non le contraire. En tout cas, la position de Soltani est bien ajustée. Il s'agit pour lui de s'attaquer au pouvoir pour peut-être détourner l'attention des problèmes internes que vit sa formation politique, permettre au moins d'éloigner des rivaux internes suspects. Car la situation organique et politique du parti ne cesse d'être préoccupante et inquiétante pour lui, tant son statut de leader est remis en cause. Soltani vise à perturber la paix sociale. Un acte des plus absurdes qui soit. Mais quand on entend cela, n'est-on pas tenté de l'excuser ' Qui est plus absurde, celui qui appelle à l'idéologie importée ou celui, pour des finalités de cohésion nationale, pousse la société algérienne à se mettre en lumière dans un esprit de conjugaison des efforts pour le développement. Ce qui, dans la pratique, signifie l'enterrement de la " grande fitna ". Les Algériens ressentent toujours au plus profond de leur âme les malheurs de la tragédie nationale. Il faudrait bien que la Réconciliation nationale continue et que ceux par laxisme ou par soumission à des injonctions étrangères et autres idéologies externes aux valeurs de la nation, soient mis en cause.