Algérie

Des actrices unissent leurs voix contre les féminicides



Dans une photo largement relayée sur les réseaux sociaux, ces femmes font la pose non pas pour promouvoir un film, mais pour exprimer leur colère et leur douleur face aux crimes sordides à l'encontre des concitoyennes.Elles sont une vingtaine d'actrices de théâtre, du petit et du grand écran ayant uni leur voix pour dire stop aux féminicides. Dans une photo largement relayée sur les réseaux sociaux, ces femmes font la pose non pas pour promouvoir un film, mais pour exprimer leur colère et leur douleur face aux crimes sordides à l'encontre des concitoyennes. Habillées de noir, se tenant par la main ainsi formant une chaîne solidaire, nous pouvons lire sur le cliché : "Actrices algériennes, unies contre les féminicides".
Accompagné par le post : "Actrices algériennes, nous nous unissons aujourd'hui pour dire stop à la violence faite aux femmes et stop aux féminicides. Nous appelons à la prise de conscience et à la mobilisation générale pour que cesse cette violence." Parmi ces artistes, on retrouve Leila Touchi, Salima Abada, Narjes Asli, Massilya Aït Ali ou encore Bahia Rachedi. Pour avoir plus d'informations sur cette noble initiative, nous avons contacté l'une des initiatrices du projet, la comédienne et cinéaste Adila Bendimerad.
En effet, cette campagne a vu le jour suite à l'assassinat de la jeune Chaïma, qui a secoué tout le pays. "Très instinctivement, nous nous sommes contactées entre quelques comédiennes. Comme un besoin de se parler, de se retrouver. Il y a une menace terrible, une menace mortelle envers les femmes, mais aussi envers toute la société", nous a-t-elle confié. Et de poursuivre : "Quel avenir pour nous toutes dans ces conditions ' Nous avons eu peur et il fallait transformer cette peur en quelque chose de dynamique et vivant.
Contre ces crimes terribles, comment lancer une alerte '" Suite à ces interrogations, "nous avons toutes été d'accord pour nous dresser, apparaître sans peur, unies et ensemble pour dire ?allez, allez maintenant tous ensemble'. Les femmes montreront le chemin, en espérant que les autres suivront". Car elles ne pouvaient plus "rester silencieuses", a expliqué Adila Bendimerad.
À cet effet, Imen Noël, Meryem Medjkane, Sarah Trifi de l'agence Woojooh, Mina Lachter, Zahra Harket, Souhila Mallem... "en une heure", elles étaient "déjà mobilisées et chacune a commencé à contacter les autres. Il y a aussi des hommes, des techniciens de cinéma qui ont de suite répondu présent".Concernant le cliché, notre interlocutrice nous a indiqué que c'est "plus un signal que nous lançons : nous sommes là. Nous nous sommes réunies contre cette violence, nous apparaissons ensemble et nous n'avons pas peur de nous battre contre la haine".
"Lorsque les femmes se réunissent cela ?énerve' bizarrement beaucoup de gens. Les femmes se réunissent moins souvent que les hommes. Et on préfère les diviser pour mieux régner", a-t-elle souligné, tout en citant pour exemple quelques commentaires misogynes, tels que "l'ennemi de la femme, c'est la femme" ou encore "vous devriez vous réunir pour la condition de l'artiste, non pas pour ces futilités"...
Au sujet du rôle des pouvoirs publics pour la lutte contre ces crimes qui sont en recrudescence en Algérie, elle soutient qu'ils "peuvent agir. Ils ont les moyens. C'est une question de priorité. Et la violence faite aux femmes ne semble pas l'être !". Et de marteler : "C'est une erreur mortelle pour un pays de laisser les femmes dans cette situation. Un pays qui ne se mobilise pas contre cela n'a pas d'avenir. C'est un pays qui perd. Un pays perdant."
Et à la comédienne de conclure que "la police, la justice, comme les citoyens doivent changer de mentalités. Mais pour cela il faut se réveiller et cesser d'avoir peur des femmes". Positive et optimiste, Adila Bendimerad estime qu'il peut y avoir du changement, notamment celui des mentalités et qu'il est "à portée de nos mains, si nous le décidons. Le Hirak a ébranlé tout un système. Un pouvoir, et quel pouvoir, s'est effondré". Mais tout en regrettant que "nous sommes mal.
Mal dans notre peau" : problème de la harga et de ces Algériennes qui vivent dans cette "répression et violence quotidienne, si quotidienne qu'elle devient une norme. Il faut changer la norme et améliorer les rapports entre les hommes et les femmes. Nous serons tous heureux ainsi". À noter que ces actrices réfléchissent à d'autres actions de sensibilisation, notamment une vidéo qui sera prochainement diffusée.

Hana M.


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