Algérie

Des acteurs syriens voguent vers l'Europe



Des acteurs syriens voguent vers l'Europe
Sur une barque en bois en guise de décor, six Syriens rêvent d'arriver en Europe pour redonner vie à leur troupe de théâtre anéantie par la guerre. Au fil de ce périple, les six acteurs jouent des scènes inspirées des classiques de cette Europe qu'ils tentent d'atteindre pour rester en vie, glissant dans « Tartuffe », « Don Quichotte » ou « Le Roi Lear » des messages sur les tabous de la société arabe. « J'ai voulu à travers cette pièce rendre hommage aux victimes de la mer, à ceux qui ont été obligés de fuir leur pays à cause de la guerre et de la destruction », explique le metteur en scène franco-syrien Nawar Bulbul, à l'issue de la première à Amman. « C'est l'amour de la vie qui a poussé tout ce monde à monter sur des embarcations de fortune dans un périple dangereux » souligne-t-il en pensant aux centaines de milliers de personnes fuyant les combats et mettant le cap sur une Europe en paix. Sur la barque de près de six mètres de long, quatre acteurs et deux actrices ont pris place. Eux-mêmes sont Syriens et réfugiés. Ils interprètent les seuls survivants d'une troupe de théâtre brisée par la guerre mais qu'ils veulent recomposer une fois arrivés en Europe. Séparés par les combats, ils se retrouvent pour la première fois depuis le début du conflit en Syrie en 2011. Après la joie des retrouvailles, place aux souvenirs douloureux. Chacun d'eux raconte, au cours de la pièce, l'intime de ses cinq ans de souffrance. Munis d'une carte de l'Europe et d'une longue-vue, les six Syriens sur scène entament leur périlleux voyage depuis un lieu inconnu puis gagnent la Grèce, l'Italie et l'Espagne. Ils naviguent ensuite au large de la Grande-Bretagne et de la France avant de s'approcher de l'Allemagne. A chacune de ces « escales », ils jouent une scène tirée d'une ?uvre d'un auteur du pays. Dans « Tartuffe », célèbre comédie française de Molière, c'est un acteur barbu et habillé à la manière d'Abou Bakr al-Baghdadi, qui joue le rôle principal, celui d'un homme hypocrite et imposteur qui utilise la religion. L'Espagne leur a inspiré une scène revisitée de Don Quichotte : « Sancho, qui sont ces pauvres misérables entravés par ces horribles chaînes ' », lance Don Quichotte à son compagnon d'infortune. « J'ai aimé. Mon crime, c'est que je suis tombée amoureuse », lui répond une prisonnière. Nawar Bulbul explique avoir aussi voulu briser dans cette pièce « trois grands tabous de la société arabe : la religion, le sexe et la politique ». La pièce s'achève par la tempête de l'acte III du « Roi Lear » de Shakespeare, qui fait couler « le bateau de l'amour ».




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