Algérie

Derrière le salon, la cuisine


Tel le mouflon inquiet qui broute son gazon au milieu de prédateurs, on ne peut pas faire semblant et penser que l?herbe est bonne pour la digestion. La littérature et l?édition n?échappent pas à la problématique générale de contrôle de la pensée. Entre foire et salon, le SILA qui se tient actuellement pose de nouveau ce problème. Si dans ce salon, des livres algériens et étrangers fort intéressants sont exposés et vendus au public, il y a une cuisine derrière et régulièrement, l?intoxication menace. Car même dans la race des écrivains, tout comme dans celle, moins connue, des éditeurs et des libraires, il y a des catégories. Il y a des écrivains, qui sous couvert d?apolitisme, se font dociles et évitent les vagues tels les surfeurs de Hawaï, utilisent pour certains les réseaux de pression de l?Etat pour exister ou à l?inverse, utilisent leurs ?uvres pour se faire une place au soleil payée par l?Etat. Il y a des libraires, qui sous couvert de commercialité, s?adonnent à toutes les man?uvres pour quelques commandes, travaillent par téléphone et obéissent aux injonctions en oubliant qu?ils sont avant tout libraires. Et il y a des éditeurs enfin, qui eux aussi, sous couvert de logique économique, prennent des gants pour publier de l?encre et s?enfoncent la tête sous terre pour lire sous terre. En bref, au-delà du fait Benchicou, qui n?est que le révélateur d?une mentalité solidement implantée au pouvoir, il y a des vérités. Le Salon du livre, intitulé cette année « Libertés et imaginaires », ne ressemble pas vraiment à son sous-titre. Et le prétexte bureaucratique d?une non-communication de listes ne tient pas puisqu?un livre d?apparatchik n?aurait pas eu ce problème. A ce stade, il paraît donc difficile de s?y rendre. A moins d?aller y acheter des ouvrages alimentaires, le dictionnaire des crimes d?Etat ou le fameux Sun Tzu, « L?art de la guerre ».
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