Algérie

Derrière la marche avant, la marche arrière


Dans la longue série « L?Etat est-il un continuum ? », prenons un fait récent. Le gouvernement a décidé de revoir la loi interdisant aux importateurs ayant moins de 2 milliards de capital d?activer. Cette loi, promulguée il y a quelque temps par le gouvernement, avait fait le désespoir des petits importateurs, disqualifiés au profit des gros. Pas de problème, les Algériens ont pris l?habitude de voir leurs dirigeants concocter des lois, leur marcher dessus puis les annuler pour en concocter d?autres, tentant péniblement de mériter par là leurs généreux salaires de gouvernants. Première étape donc, de type « l?argent c?est à moi », seul l?Etat a le droit d?importer. Deuxième étape, de type « tiens de l?argent chérie, va t?acheter quelque chose », on autorise les importations par le privé. Troisième étape, de type « chérie, là tu exagères », on interdit aux importateurs ayant moins de 2 milliards d?activer. Quatrième étape enfin, de type « chérie je regrette », on revient à la deuxième étape. Il n?y aurait là que matière à voir dans le régime algérien une alternance de clans qui se détestent et passent leur temps à défaire ce que les précédents ont fait. Pourtant, entre les deux lois, toutes deux créées par le gouvernement, de petits importateurs avaient fermé boutique. S?associant généralement à plusieurs pour importer, ils jouaient sur les marges, la diversité et la concurrence, au grand bénéfice des consommateurs. Que vont-ils devenir maintenant que la loi a fait une marche arrière ? Après avoir brûlé leurs dossiers, leurs registres de commerce et leurs comptes en banque faute d?avoir les 2 milliards, ils vont rouvrir. Refaire le même dossier, remplir les mêmes formulaires, retourner aux mêmes administrations, payer les mêmes taxes et louer les mêmes locaux. Pour faire ce qu?ils faisaient avant. Qui est gagnant ? Les importateurs. De papier.
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