Algérie

Derrière la famine, il y a la guerre



Derrière la famine, il y a la guerre
La question de la sécurité alimentaire en Afrique revient épisodiquement dans les colonnes des médias internationaux, sans pour autant mobiliser suffisamment l'opinion publique pour récolter les fonds nécessaires à la lutte contre la malnutrition qui touche des millions de personnes sur le continent. Cette problématique a servi parfois comme paravent aux pays occidentaux pour justifier leurs sanctions diplomatiques contre les régimes politiques de certains pays, et, asseoir ainsi leur influence qui leur assure des marchés juteux sur le long terme. C'est ce qui se passe depuis des années dans la bande sahélo-saharienne où les conflits armés ont profité aux marchands de l'armement et aux dictatures militaires qui n'ont pas arrêté de détourner l'argent des aides internationales, pourtant destinée à endiguer un problème, devenu chronique. La quantité de témoignages qu'on peut lire dans les journaux, les images des restes des ossements des bêtes, mortes à cause de la sécheresse, des enfants mal-nourris dans les camps de réfugiés et des hôpitaux de fortune sont utilisés parfois pour d'autres fins que celles d'aider des civils africains, dépourvus de tout. En vingt ans, nous avons assisté à des crises humanitaires à répétition qui ont coûté la vie à des centaines de milliers de personnes, surtout les enfants dont la santé était fragile dès leur naissance. La dernière crise remonte à 2010-2012, mais le pire est encore à venir si personne ne bouge le petit doigt. En février dernier, l'ONU a réuni tous ses partenaires humanitaires pour faire face à une nouvelle crise alimentaires qui risque de coûter la vie à près de 1,5 million de personnes d'ici la fin de l'année. À Rome, en Italie, où se déroulent souvent les conférences des donateurs internationaux, l'ONU a dressé un constat des plus dramatiques sur ce qui se passe actuellement sur le continent Noir, notamment dans neuf pays du Sahel où les ONG n'arrivent plus à subvenir aux besoins de tout le monde, faute d'argent et de soutien logistique sur place. Les chiffres de l'ONU donnent des frissons. Sur les 20 millions de personnes mal-nourris, l'ONU a fait état de plus de 2,5 millions de personnes qui risquent de mourir si aucune aide d'urgence n'est pas débloquée d'ici quelques semaines. «Cinq millions d'enfants de moins de cinq ans souffriront de malnutrition en 2014, et environ 1,5 million d'entre eux devront faire face à la malnutrition aiguë», lit-on dans le document présenté à la rencontre de Rome du 3 février dernier. «Plus de gens que jamais sont à risque dans le Sahel et l'ampleur de leurs besoins est si grande qu'aucun organisme ou organisation ne peut faire face seul», a déclaré le Coordonnateur des secours d'urgence de l'ONU, Valérie Amos, à Rome. La sécheresse, les mauvaises récoltes de ces dernières années, sont à l'origine de cette crise alimentaire chronique dans les neuf pays recensés par l'ONU (Mali, Niger, Mauritanie, Tchad, Gambie, Sénégal, Burkina Faso, Nigeria et Cameroun). La surexploitation des ressources halieutiques, comme c'est le cas en Mauritanie, où des zones de pâturages a contribué fortement à l'augmentation du nombre de personnes menacées par l'insécurité alimentaire. Mais il y a aussi un autre problème que l'on ne peut pas ignorer. C'est celui des violences armées permanente, même durant les périodes de stabilité politique. La lutte pour le contrôle des points d'eau et des zones de pâturage, ainsi que le vol de bétails ont poussé plus de 1,2 million de personnes à fuir leurs foyers. La majorité est partie dans les camps de réfugiés onusiens où elle y est restée depuis des années, après avoir tout perdu à cause de la guerre ou des violences tribales. Autrement dit, l'aide humanitaire d'urgence pour porter secours à ces populations en détresse n'est finalement que de courte portée. Le véritable défi auquel est confrontée la communauté internationale, à commencer par l'Union africaine, c'est la lutte à long terme contre ces crises alimentaires à répétition dans cette région de l'Afrique. L'Onu a proposé un plan stratégique de développement économique, agricole et social dans les zones touchées par la famine et la malnutrition. Débloquer des fonds pour aider l'agriculture locale, à financer des projets de développement ne peut toutefois être envisageable si la lutte contre les violences armées n'est pas menées d'une manière ferme et si les Etats ne sont pas stabilisés sur le politique et sécuritaire. Car, la grande partie des victimes de la famine est liée à la guerre qui engendre l'exode et les maladies qui tuent plus que ce que tuent les armes.L. M.




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