Algérie

Dernière ligne droite avant une intervention militaire au Mali



Dernière ligne droite avant une intervention militaire au Mali
La lapidation à mort d'un couple non marié au nord du Mali a eu un effet immédiat. Elle a légitimé une éventuelle intervention militaire, au moment où les préparatifs étaient engagés à cet effet. Dans le même temps, le pouvoir central à Bamako se ressaisit, pour avaliser à son tour une intervention qui semble désormais inexorable.
Le Mali est entré, cette semaine, dans une dernière ligne droite avant une nouvelle escalade qui devrait déboucher sur une intervention militaire, menée par de troupes de la CEDEAO (Communauté des Etats de l'Afrique de l'Ouest), et appuyée par la France. Pilotée par Paris, la démarche est synchronisée de manière à aboutir, après plusieurs étapes, à restaurer l'autorité de l'Etat malien sur les principales villes du Nord, Gao, Tombouctou et Kidal.
La première étape devait consacrer le rétablissement d'un pouvoir central fort à Bamako. Elle a débuté avec le retour, le 27 juillet, du Président intérimaire Diocounda Traoré, qui semblait au départ hésitant. Il a obtenu un certain nombre de garanties. Outre la création d'une force spéciale chargée d'assurer sa protection et celle du gouvernement, il a demandé et obtenu d'avoir la haute main sur toutes les grandes décisions. Aussitôt après son retour de Paris, où il se faisait soigner depuis deux mois à la suite d'une agression commise au sein même du palais présidentiel, il a procédé à une nouvelle réorganisation du pouvoir, qui s'est faite au détriment du premier ministre, Cheikh Modibo Diarra.
Le président intérimaire a créé de nouvelles instances pour organiser pour la transition, et a imposé de diriger lui-même la formation d'un gouvernement d'union nationale. Cette formule a permis de contourner les réserves émises par de nombreux cercles contre le premier ministre Cheikh Modibo Diarra, dont une partie de l'opposition réclamait le limogeage pur et simple. Avec ces démarches, le président Diocounda Traoré a obtenu que l'ultimatum, qui lui était fixé par la CEDEAO pour former un gouvernement d'union nationale avant fin juillet, soit repoussé.
En parallèle, la France, qui gère toutes ces démarches, prépare le terrain. Après avoir mobilisé ses clients traditionnels de l'Afrique de l'Ouest, qui devraient fournir 3.500 hommes, appuyés par une logistique française, Paris s'apprête à prendre la présidence du conseil de sécurité, où elle se fait fort de faire avaliser les textes légalisant l'intervention militaire.
Inquiétudes régionales
La conjoncture est favorable à une intervention, avec les excès commis par les groupes qui occupent le nord du Mali, et l'application brutale de la chariaa qu'ils ont décidée. La lapidation à mort d'un couple non marié, cette semaine à Aguelhok, a contribué à monter l'opinion contre le mouvement Ansar Eddine, qui contrôle le nord du Mali, au sein d'une nébuleuse qui regroupe également Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) et le MUJAO (Mouvement pour l'Unité du jihad en Afrique de l'Ouest). La destruction de mausolées dédiés à des saints, ce que l'islam rigoriste pratiqué par Ansar Eddine considère comme une hérésie, avait déjà ému l'opinion internationale, de mieux en mieux préparée à une intervention militaire au Mali.
Deux pays, le Burkina-Faso et la Côte d'Ivoire, proches de Paris, sont les plus fervents partisans d'une intervention militaire rapide au Mali, malgré le rôle de médiateur que le Burkina-Faso a voulu jouer au Mali.
Les autres pays de la région envisagent avec inquiétude ces préparatifs de guerre. Le Niger, pays fragile, se demande quel effet aura une telle intervention militaire au Mali, particulièrement si les rebelles touareg sont contraints de se replier en territoire nigérien. Quant à l'Algérie, qui a privilégié la solution négociée, elle redoute un nouvel effet domino, en rappelant que la crise malienne est elle-même le résultat direct de l'intervention occidentale en Libye. Elle continue ses tractations pour éviter une nouvelle flambée, mais le compte à rebours semble avoir commencé.
Tweet
Partager


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)